@ffinités

3 juin 2014
[Images arrêtées & idées fixes
Retour de Lisbonne, sur les murs et au-delà.]

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29 mai 2014
[Comment garder la tête froide
après la gueule de bois électorale ?
Au-delà de la vigilance anti-fasciste.]

La victoire en trompe-l’œil de Marine Le Pen (avec 25% des suffrages mais cependant 1, 7 millions de voix en moins qu’à la dernière présidentielle) ne doit pas servir à masquer le phénomène majeur de cette élection européenne : l’abstention massive de 57,5 du corps électoral, sans négliger les 3% de vote blanc, 1,5% de vote nul et o,5% obtenu par le fantomatique Parti du vote blanc, soit au total 62,5 % des 45,5 millions d’inscrits (eux-mêmes en baisse d’un demi-million depuis le scrutin de 2012), autrement dit 28,5 millions de personnes non-participantes ou inexprimés volontaires.

Bien sûr, il est difficile de distinguer parmi la multitude de celles et ceux qui se sont soustraits à leur « devoir » républicain ou ont refusé de choisir le « moins pire » d’entre les candidats en lice, un message univoque. Il y a dans cette désertion hors les urnes l’expression d’humeurs éparses et fluctuantes : du j’menfoutisme à la résistance passive, en passant par d’autres motifs existentiels : le repli sur soi égoïste, l’inertie dépressive, l’indifférence aux profession de foi, le refus de cautionner qui que ce soit, le doute conspirationniste, l’objection de conscience idéaliste, le sentiment d’inutilité, l’aigreur mysanthropique, l’insouciance juvénile, l’incompréhension des enjeux, le contre-coup de la désillusion, la flemme de sortir dehors, le pied-de-nez potache, la défiance envers les gouvernants, l’irrésolution procrastinante, le doigt d’honneur au système, le fatalisme désespéré, l’oubli pur et simple, etc.


S’il serait abusif de sonder dans ce geste en creux du non-vote ou du vote neutre – tel le «je préférais de ne pas » d’un Bartleby – un refus explicite de l’ordre dominant, il est insupportable de le passer sous silence, ou pire encore, de le faire passer pour une anodine « absence d’opinion ». Quand les deux tiers des électeurs potentiels font un pas de côté (ici comme en Égypte), ce manque d’adhérence spectaculaire rappelle (une fois de plus) la crise, sinon la faillite, du rituel démocratique et de sa soi-disant représentativité. Ainsi le score du FN est-il moins un irrésistible triomphe (passant rappelons-le encore de 13% des inscrits en 2012 à 10% la semaine dernière) que l’effet de vase-communicant dû à l’implosion des partis de gouvernement (UMP, PS & co) aux affaires depuis les dernières décennies
Le vrai souci c’est que, jusqu’à maintenant, cette désaffection citoyenne ne semble pas, en France, avoir libéré d’espace à une contestation active des impératifs de l’Austérité (comme en Grèce, en Espagne et au Portugal, où cette place vacante laissée par le boycott électoral de masse a libéré de nouvelles pratiques extra-parlementaires, soucieuses d’horizontalité organisationnelle, d’autodéfense locale et de coopérations utopiquement concrètes… et vice versa). Mais il n’est jamais trop tard pour relever la tête et ne pas céder à la résignation commune, induite par ce double bind mortifère : soit le pragmatisme économique, soit le péril populiste. Trouver la force collective de déjouer l’alternative truquée qui voudrait désormais s’imposer à nous : se serrer la ceinture avec le FMI ou tomber sous la botte des centuries fascistes. Rien n’est perdu d’avance mais le temps presse pour court-circuiter ce chantage binaire auquel vont nous soumettre médias, démocrates de tous bords et consultants de la finance. Alors, disons que l’anti-fascisme radical c’est évidemment nécessaire mais si loin d’être suffisant. La seule issue, avant que le Front National ne négocie (en position de force) une alliance/réconciliation de toutes les droites sous sa bannière ultra-modernisée (comme en Italie il y a déjà quinze ans), ce serait, sans attendre, de briser l’isolement de chacun et la lassitude échaudée de tous, pour passer à l’offensive sur le terrain de la précarisation sociale & urbaine de nos conditions d’existence. Bref, de transformer cette ligne de fuite de la dépolitisation latente en énergie collective de défiance active envers les puissants. Vaste programme, mais qui demande désormais à s’énoncer avec d’autres mots, d’autres gestes, d’autres affinités que les vieilles lunes du paritarisme syndical ou du guévarisme d’opérette du Front de gauche… comme tente aujourd’hui de le faire le mouvement des chômeurs, précaires, intermittents & intérimaires (avec ou sans papier) face au front commun du Medef et des syndicats corpos (CFDT & FO) avec la duplicité bienveillante du pouvoir socialiste.


Ceci dit, l’urgence qu’il y a à lutter contre la violence quotidienne de « l’Austérité perpétuelle », si elle va bien au-delà du simple devoir de vigilance anti-fasciste, ne signifie pas qu’il faudrait sous-estimer l’emprise mentale de Marine Le Pen (et de ses jeunes technocrates new-look) sur les débats de société, relayée avec zèle par les médias avides de sensations fortes ou par les néo-conservateurs de toutes obédiences partisanes qui monopolisent désormais les bancs de l’Hémicycle. Et l’on sait combien les propagandistes de l’extrême-droite, prenant au mot les théories de Antonio Gramsci, ont fait du combat pour « l’hégémonie culturelle » leur objectif central, via le marketing viral du Net (et ses rumeurs nauséabondes recyclées à dessein) ou en lançant des ballons d’essai qui jouent du chaud & du froid, jusqu’à focaliser l’attention des sunlights du Spectacle journalistique. Négliger cette contamination, ce serait céder du terrain face à la banalisation rampante de certains mots-clefs du FN (repris de droite à gauche). À ce sujet, on avait consacré un article ici même, il y a tout juste un an, aux autocollants qui fleurissent de-ci de-là sur le mobilier urbain, colportant des messages phobiques : antiarabes, antisémites, anti-drogués, antipédés, etc. On dira qu’il s’agit là d’un regain d’activisme des groupuscules ultra, en marge du « retoilettage » électoraliste du Front National. Et pourtant, ces signes adhésifs, en se fondant dans le décor, provoquent, sinon une adhésion massive, du moins la vulgarisation de nouveaux idiomatismes qui font salement écho au désespoir social ambiant. D’ailleurs, c’est bien le but des « créatifs » fascistoïdes qui se cachent derrière les prête-noms d’une nébuleuse de mouvements fantoches, caresser la parano complotiste, le ressentiment haineux et la beaufitude nationaliste dans le sens du poil.
Sur ce champ de bataille, sémantique, il faut hélas bien constater que leur offensive marque des points, au diapason de la droitisation des débats publics et, a contrario, d’une crise des valeurs d’émancipation collective.
 Au vu de l’abject florilège ci-dessous, on objectera sans doute qu’il est abusif de faire l’amalgame entre les autocollants de la bande à Soral & Dieudonné, ceux de l’Action Française ou des nationalistes-révolutionaires, et pourtant ils se côtoient dans des quartiers de plus en plus nombreux, de Lille à Lyon en passant par la région parisienne, selon une arborescence dynamique qui ratisse large et qui sème la confusion et fait tache d’huile.
Ultime scrupule, avant de céder la place à cette série de clichés écœurants – zoomés par mes soins ou empruntés sur le Net –, difficile de reproduire ces outils de propagande à l’identique sans risquer de leur faire une quelconque publicité, même involontaire. Du coup, via Photoshop, j’ai passé chacun de ces stickers au filtre d’une révélation négative. D’où, pour les icôneries dessous, une atmosphère de film d’épouvante qui leur sied à merveille.

Et un dernier sticker jouant du clin d’œil sexiste sur un mode surfeur zazou, qu’on a laissé dans sa teinte d’origine, pour montrer que cette «peste blonde» n’a rien à envier à la même en brune.

Sans oublier ce repêché in extremis, si pathétiquement parano qu’on le reproduit tel quel.

On pourra aussi lire l’essentiel de cet article dans sa traduction portugaise ici même.

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20 mai 2014
[Pseudo-Dico, idiot & logique,
extraits d’un nouvel état provisoire.]

Parmi d’autres chantiers en cours, sur ce site, il y a cet opuscule : Pseudo Dico, idiot & logique, entamé en juin 2009 et qui s’épaissit petit à petit, sans souci d’aucune finitude.
Dans une brève préface, j’ai essayé de revenir sur le «pourquoi du comment» de ce projet :


«Jouer au Pendu à l’école, ça laisse des traces. La preuve, après quelques décennies d’études, d’examens, d’essais, d’ébauches, d’épreuves, de tentatives… j’y reviens, à mes marottes élémentaires. Pourquoi se priver du charme régressif ? Chacun ses tentations, moi c’est l’infantile qui me hante, l’énergie verbale en deçà des prudences mitigées de l’esprit de sérieux. Bas les masques, soyons bêtement éhontés, je vous présente mon projet de devinettes lexicales, un dictionnaire pour de faux. J’aurais préféré appeler ça Fictionnaire tout court, mais c’était déjà pris comme titre, par un farceur repenti des années 70, l’incertain Alain Finkielkraut, alors j’ai trouvé un ersatz commode, Pseudo-dico, pour le raccourci de la rime intérieure, si si, faut pas forcément chercher plus loin.
Seul défi minimal, commenter chaque mot par association d’idées, esprit de conflagration, étymologie intuitive, amalgame accidentel, contresens inopiné, déduction analogique, méprise significative, sinon par défaut mineur ou faute d’étourderie. Et surtout, lâcher la bride, perdre contrôle, laisser sortir les bouts d’énoncé à l’oreille, faire confiance aux courts-circuits intérieurs, aux paradoxes venus d’ailleurs. Projet impur et simple, trivial et mégalo. D’où son sous-titre – idiot & logique – qui me revient de loin, l’éternel adolescent jamais lassé de singer les sapiences de l’homo academicus, avec force grimaces et effets de manches. […]
 Bien sûr, j’aurais pu faire le tri au départ, chasser la blague facile, neutraliser le calembour dérisoire, ne garder que le meilleur du début à la fin. M’empêcher de faire tout à la fois le singe savant et l’analphabète de foire. Mais quand on vide son sac de vocabulaire, il vous passe de drôles de couacs par les méninges, et c’est souvent d’assez mauvais goût, entre autres foutaises et débilités. J’aurais pu me cacher derrière mon petit doigt d’auteur, mais l’idiotie a sa logique implacable.»

Ci-dessous, quelques extraits azertyopiques des entrées les plus récentes…

AUTONYMIE : celui qui le dit qui l’est.

BLESSURE NARCISSIQUE : abusiv., si ça me plaie (voir Infect & Affect).

CHÔMAGE : travail du deuil du travail.

DOUBLE CONTRAINTE : ni vieux ni naître (voir Faux dilemme & Tiers exclu).

EGO selon les points de vue, moi-disant moi, toi-disant toi, soi-disant soi.

FONTANELLE : chez le nourrisson, puits de science encore confuse.

GÉNETIQUE FICTION : tapez votre code ADN à l’abri des radars indiscrets.

HAINE DE SOI : moteur à implosion selon un principe d’autolyse inversé.

IMMORTALITÉ : parenthèse jamais refermée.

JEMENFOUTISTE : indécis heureux.

KAMA SUTRA : littérature à massages.

LIFTING : obsolescence déprogrammée.

MYOPIE : sentiment., loin des yeux loin du cœur.

NÉGATIONNISTE : tous les historiens sont des menteurs, et seule cette contre-vérité, jusqu’à absence de preuve du contraire, pouvant valider chez celui qui l’affirme une qualité d’expert, nul ne saurait mettre en doute qu’on a raison de douter de tout, sauf de ma démonstration hors pair.

OCCIDENTAL : né ici plutôt que là par la force des choses, les migrations du temps, le fruit du hasard et d’autres concours de circonstances (voir Accidental & Occidentel).

PENSION ALIMENTAIRE : désamour tarifé.

QUARANTAINE : psycho. maritime, sas d’isolement sanitaire avant la cinquantaine.

RIME : ou bien riche… ou bien chiche…

SURDOUÉ(E) : pas n’importe QI (Grand écart-type & Bête hors concours).

TABLEAU DE MAÎTRE : puzzle d’une seule pièce maîtresse.

ULTRAS : partisans du stade anal (voir Supporters & Super grégaires).

VERTUEUX (cercle): pas de vis (et vice versa).

ZAPETTE : permet au télé-captif de changer ses chaînes sans bouger.

Pour ceux désireux de feuilleter l’ouvrage ou de le lire in extenso, c’est ici.
Pour les autres projets de textes courts & en cours, c’est .

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7 mai 2014
[Images arrêtées & idées fixes —
Décollations, nouvelle collection (2).]

À défaut d’une idée derrière la tête

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28 avril 2014
[Images arrêtées & idées fixes
Droits sociaux… fermeture pour travaux.]

Pas de porte, bail précaire & seuil de pauvreté.

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22 avril 2014
[Emplois fictifs & sommeil paradoxal,
une vraie-fausse conférence de yves pagès —
résumé, présentation et parcours en images.]

Après Pouvoir Point (un pseudo Power point joué une vingtaine de fois en compagnie de François Wastiaux et accessible en extraits ici-même), une nouvelle vraie-fausse conférence a vu le jour le 30 novembre 2013 au Théâtre du Rond-Point (et déjà reprise à la bibliothèque Faidherbe le 27 mars dernier).

À première vue, ça ressemble au cours magistral d’un ponte de médecine face à un amphi d’étudiants en première année. Le docteur Yvan Souad passe en revue quelques notions de psychophysiologie du travail à l’aide de cent trente-deux « diapos » illustratives projetées sur écran. En moins d’une heure, il va tenter d’épuiser son sujet  : l’évolution ergonomique du rapport au travail depuis l’homme préhistorique (l’âge de pierre) jusqu’au télé-vigile (l’âge du drone). Exercice de synthèse surhumaine qui, entre raccourcis abscons et obscures digressions, le conduira à démasquer les impostures du télétravail généralisé (la surveillance passive de tous par tous) avant de dévoiler l’apogée méconnue de la suractivité humaine : le sommeil paradoxal, cette phase qui associe paralysie musculaire et créativité onirique. Work in regress ou dream in progress ? Tant qu’à croire ce singe savant sur paroles, autant passer à l’acte. Ce sera l’objet d’une « expérience en cours », obligeant un spectateur assoupi (et pour cause) à subir l’ultime épreuve d’un QCM (Quadrature à Cobaye Moyen).

Même s’il est malaisé et frustrant de rendre compte d’un dispositif scénique en quelques extraits du texte et des images, on pourra se faire une petite idée de cette « contre-performance » sur cette page d’archyves que je viens de lui consacrer.

En attendant de la rejouer ici ou là, un simple déroulé de la moitié des visuels, sans voix-off ni carton explicatif, en donnera un copieux aperçu sous forme de diaporama « muet ».

Et pour commencer par le début, une fois évoquée la préhistoire, ça repose la question du travail dans l’Antiquité, puis l’époque féodale, etc.

À ce stade de la conférence, l’effort de synthèse a écrasé les spectateurs sous un déluge de datations et concepts plutôt bourratifs, et c’est alors qu’une parenthèse s’ouvre…
qui n’est pas prête de se refermer.

Et maintenant que cette «Histoire illustrée du tapis roulant» tire à sa fin, dans l’assistance, chacun est fin prêt à assister aux remises en cause du sacro-saint modèle du travail fordien…
pour le meilleur et pour le pire.

À force de sonder les mutations induites par le télétravail, la conférence vient de dévier de son cours (magistral) et de changer d’optique (à notre insu).
Ne reste plus aux spectateurs qu’à halluciner ensemble un faux-semblant d’épilogue…

Et pour les amateurs de mise en abîme brechtienne, à l’heure du salut, face à l’ultime visuel ci-dessous, le conférencier tentera une synthèse finale, sous forme de slogan, aussitôt repris en chœur par la salle entière :

CONTRE LES CADENCES INFERNALES/
SOMMEIL, SOMMEIL PARADOXAL!

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18 avril 2014
[Images arrêtées & idées fixes
Machin truc bidule chose.]

De ne pas oublier d’écrire la suite.

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14 avril 2014
[Relecture illustrée de Souviens-moi –
trente-sept fragments en images.]

Pour ne pas oublier que Souviens-Moi est paru il y a cinq semaines aux éditions de l’Olivier, j’ai rassemblé quelques liens critiques, enregistrements radio & documents annexes sur une nouvelle page d’pensebete.archyves.net, c’est juste là.

Histoire de  renouveler les contraintes mémorielles de ce livre, j’ai choisi 37 fragments sur 370 pour leur associer chacun son image glanée sur le Net, au hasard de quelques mots-clefs combinés via un moteur de recherche.
Juste pour varier les plaisirs,
sens dessus dessous…


De ne pas oublier que, si ma mère n’a jamais voulu m’emmener au cirque, j’en ai longtemps ignoré la raison, avant d’apprendre qu’au début des années 50 elle avait assisté à la chute d’un trapéziste sur la place du marché de Saint-Maur-des-Fossés, accident fatal qui précéda de peu l’interdiction de toute démonstration publique d’acrobatie volante et autre funambulisme effectués sans filet de protection.


De ne pas oublier que certains papillons consument les charmes cycliques d’une existence entière en un seul jour.


De ne pas oublier qu’à partir de 1943, mon père ayant fait circuler sous le manteau des tracts bilingues prônant la désertion des Kamaraden de la Werhmacht, ces appels à la fraternisation révolutionnaire lui ont valu d’être pourchassé par la Milice pronazie puis par la Résistance « antiboche », et que cette légende familiale a dû m’initier très tôt à l’inconfort du libre arbitre, entre le marteau et l’enclume.


De ne pas oublier que l’envie de dérober le petit marteau brise-vitres qui trône aux extrémités de chaque wagon SNCF me vient de loin, des migrations familiales d’été en train auto- couchettes, mais que je n’y ai jamais cédé, faute d’en avoir eu l’audace ou l’outil approprié justement.


De ne pas oublier que la ritournelle fétiche de mes 13 ans, Porque te vas, ne signifie pas Pourquoi tu vis mais plus concrètement Parce que tu t’en vas, malentendu levé il y a peu et dont l’écart de signification reste à creuser.


De ne pas oublier que les policiers de la Goutte-d’Or,changeant soudainement de priorité sécuritaire au milieu des années 90, se sont mis à traquer les vendeurs à la sauvette de maïs grillé, confisquant braseros de fortune et sacs de jute où ces dangereux contrebandiers stockaient leurs épis de contrebande.


De ne pas oublier que, parmi la clientèle fortunée de Jacques Lacan, certains snobs poussaient le transfert mimétique à un tel degré de ridicule qu’ils se faisaient tailler sur mesure, chez le couturier Arnys, les mêmes chemises à col Mao que celles de leur maître étalon.


De ne pas oublier que la vue d’un autocollant ENLÈVEMENT DEMANDÉ sur la portière d’une voiture me replonge aussitôt dans le film clandestin de mon enfance, ce kidnapping en Technicolor qui s’improvisait au revers des routines familiales, où j’endossais tour à tour le rôle de l’otage puis celui du commanditaire d’un rapt qui risquait de s’éterniser, faute d’avoir encore su trouver, moi l’indissociable victime et cerveau du gang, le moyen infaillible de récupérer la rançon sans se faire prendre.


De ne pas oublier que, lors du premier procès de Pierre Goldmann, accusé du meurtre de deux pharmaciennes, mon père fut appelé à la barre comme « témoin de moralité », autrement dit caution universitaire pour une tête brûlée du gauchisme, mais que, outre passant son rôle en faisant état des propos incohérents du témoin à charge côtoyé deux heures durant dans l’antichambre du tribunal, il fut sommé de se taire puis expulsé, même si cet incident, inscrit dans ma légende familiale, ne figure dans aucun des livres publiés sur cette affaire.


De ne pas oublier qu’en cours de sciences naturelles l’idée de l’« infiniment petit », entraperçue au microscope dans tel postillon de salive ou telle rognure d’ongle, m’avait salement angoissé, alors que la précédente leçon, d’initiation à l’astronomie, m’avait laissé de marbre malgré le vertige qu’induit l’expansion perpétuelle du grand Cosmos.


De ne pas oublier les trois mots inscrits sur l’immense drap blanc suspendu entre deux balcons de la rue Saint- Antoine, lors de la manifestation intersyndicale du 1er mai 1977 : FÊTE DE L’ALIÉNATION, sous les huées des uns, les hourras des autres.

De ne pas oublier que si, aux yeux des tripiers et des vétérinaires, la cervelle d’agneau, comme le foie de génisse ou les rognons de veau, font organiquement partie des mêmes abats, théologiens et critiques littéraires préfèrent, eux, distinguer les hautes oeuvres cérébrales des basses oeuvres viscérales.


De ne pas oublier que, du temps où la piazza Beaubourg fourmillait de cracheurs de feu, avaleurs de sabres et autres briseurs de chaînes, j’avais accepté de grimper sur le torse nu d’un jeune bateleur étendu à même une litière de tessons de bouteille et promis d’y rester debout plus d’une minute trente, selon le compte à rebours du public alentour, sans savoir encore qui de moi ou du fakir sous mes pieds perdrait connaissance en premier.


De ne pas oublier que lors d’un récent salon du livre à Alger, parmi les titres censurés d’office par les contrôleurs chargés de filtrer à l’aide de mots-clefs les publications occidentales d’importation, figurait en bonne place La Bible du PC, un manuel d’informatique grand public soupçonné de prosélytisme soit évangélique soit communiste, ou pire encore, les deux à la fois.


De ne pas oublier qu’en faisant glisser mon visage de gauche à droite sur la vitre d’un photocopieur, entre deux cours à la fac de Jussieu, j’ai réussi cette fois-là à ne plus me ressembler du tout, ni de face ni de profil.


De ne pas oublier que, derrière cette fenêtre éclairée d’un néon blafard, plusieurs silhouettes féminines s’activaient déjà sur leur machine à coudre, face au balcon de la chambre d’hôtel où je me réveillais en douceur, prêt à arpenter les trois rives d’Istanbul jusque tard dans la nuit, avant de rejoindre le lit refait, avec ses draps propres et les feux jamais éteints de l’atelier de confection dont la rumeur lointaine bercerait bientôt mon sommeil.

De ne pas oublier que par deux fois ma défunte mère a bien failli brûler vive, prisonnière des flammes dans le cul-de-sac enfumé de notre cuisine, suite à un accident de friteuse, et que la scène repasse sous mes yeux chaque fois que je retombe sur l’expression « ne pas mettre de l’huile sur le feu ».

De ne pas oublier qu’à l’instar des petites idées qui nous trottent chaque jour dans la tête cent cinquante mille cheveux y poussent d’un centimètre par mois en hiver, et de près du double quand les beaux jours reviennent irriguer nos scalps d’une sueur fructifiante.


De ne pas oublier que, bien avant de se passionner pour la culture hip- hop, ou d’apprendre par coeur la chanson de Nino Ferrer, mon jeune fils a toujours voulu être un Noir, et que l’impossibilité de pouvoir jamais changer de peau l’a parfois frustré jusqu’aux larmes.


De ne pas oublier qu’un oeuf dur tourne plus rond sur lui- même que n’importe quel oeuf frais, à moins que ce soit le contraire, ça fait si longtemps que je n’ai pas renouvelé l’expérience.

De ne pas oublier qu’à Hiroshima l’écrivain Hara Tamiki, irradié de la première heure le 6 août 1945, s’est aussitôt mis à consigner dans un carnet chaque arbre aux feuilles rougies, chaque âme errante défigurée, chaque cadavre dérivant au fil de l’eau, carnet largement cité dans Fleurs d’été paru deux ans avant son suicide en 1951, mais dont les premières pages manuscrites, si souvent filmées et photographiées depuis, lors de reportages commémoratifs, se sont peu à peu effacées, la plupart des caractères ayant fondu au blanc sous l’effet des flashes et des sunlights.


De ne pas oublier que mon père, invité à débattre aux Dossiers de l’écran du phénomène des rumeurs, en compagnie d’Edgar Morin et d’autres sommités en cravate, a passé l’entière émission à prendre des notes, ne se décidant qu’in extremis à demander la parole, mais un peu tard puisque le générique de fin était déjà lancé, et qu’il ne nous avait donc servi à rien de veiller en famille devant le poste de télé d’un voisin.

De ne pas oublier qu’au 49 rue de Bretagne, en lieu et place de l’actuel supermarché Franprix, se tenait un cinéma d’art et d’essai qui, fin 70, programmait toujours le même film, Les Yeux de Laura Mars, dont l’affiche m’épouvantait d’avance, à tel point qu’il m’a fallu attendre trente ans pour louer le DVD et y découvrir Faye Dunaway en photographe glamour victime d’hallucinations prémonitoires.


De ne pas oublier cette strophe de L’Internationale, si rarement reprise en choeur qu’on la croirait vouée aux poubelles de l’Histoire, là où j’ai dû m’entêter à la repêcher in extremis : « S’ils s’obstinent ces cannibales / à faire de nous des héros / ils sauront bientôt que nos balles / sont pour nos propres généraux ».


De ne pas oublier que, pendant ces vacances passées à deux pas d’un zoo, ayant pris l’habitude d’accompagner le gardien dans sa tournée matinale pour changer l’eau et remplir les gamelles, j’ai cru bien faire en tendant quelques pattes de poules au travers des barreaux à l’ours brun qui n’en demandait pas tant, et m’aurait arraché le bras d’un seul coup de griffes si l’on ne m’avait fait basculer à la renverse, hors de danger, malgré mes naïves protestations, puisqu’à mes yeux ce grand nounours en peluche ne me voulait que du bien.


De ne pas oublier ce principe de base imprimé sur leurs presses clandestines par les fondateurs du Comité d’Autodéfense sociale (KOR) après la répression des grèves sauvages de 1976 en Pologne – Ce que nous faisons ensemble est meilleur que la plupart de chacun d’entre nous… –, et le reproduire ici pour en préserver la mémoire collective aussi longtemps que possible.


De ne pas oublier que, à l’instar du mystérieux pyromane qui défrayait la chronique de l’hiver 74, incendiant par dizaines des Citroën Méhari – cette minijeep décapotable dont la carrosserie ondulée, jaune citron ou orange vif, ressemblait à un jouet grandeur nature –, j’ai pu constater par moi- même, devant celle qui était garée dans ma rue, qu’une fois ôté le bouchon du réservoir d’essence ce serait presque un jeu d’enfant d’y glisser une torche enflammée, sans oser passer à l’acte ce soir-là, mais avec un soupçon de regret au petit matin, face à l’épave calcinée par d’autres mains.


De ne pas oublier que j’ai dormi très longtemps « en chien de fusil » non sans me demander, en vain, de quel clebs aux aguets il pouvait bien être question.


De ne pas oublier que, non loin des studios montreuillois où Méliès s’était amusé, vers 1900, à balancer une fusée dans l’orbite droite de la face lunaire, le réalisateur Joachim Gatti a été visé en pleine gueule puis éborgné par le tir de flash- ball d’un agent de la BAC de Montreuil, le 8 juillet 2009, et que je ne sais trop quoi faire de ce rapprochement, entre illusion d’optique et cinéma du réel.


De ne pas oublier qu’au moment d’entamer ce nouveau fragment j’ai cru réentendre dans mon dos le souffle glaireux, poussif mais régulier de ma mère, à l’hôpital Saint- Louis, quand elle résistait à sa surinfection pulmonaire sous masque respiratoire, alors que non, fausse alerte, après vérification dans la chambre à côté, il s’agit du fer à repasser qui soupire sa vapeur à vide faute d’eau dans le réservoir, pour me prévenir des risques et périls qu’il y aurait à ne pas le débrancher avant de partir.


De ne pas oublier que, si vous répondez trois cent soixante-cinq jours d’affilée à la même question – « Comment ça va ? » – en cochant parmi ces quatre cases – Trop bien, Bof bof, Grave mal, Néant –, vous aurez ainsi obtenu la courbe d’humeur de votre profil maniaco-dépressif au cours d’une année pleine, avec une marge d’erreur humaine quasi nulle.


De ne pas oublier que mon père est mort cinq ans après la mise en circulation dans onze pays des premiers euros, mais qu’à partir d’une « brique » – entendez « cent mille balles quoi ! » – il comptait toujours en anciens francs, quelques semaines avant son décès, à l’heure de modifier in extremis son testament aux dépens de ses deux enfants.


De ne pas oublier que, à peine quitté des yeux les hautes verrières de l’ancienne SAMARITAINE, en redémarrant au feu vert, j’ai commencé à déplacer mentalement les lettrages géants du grand magasin désaffecté pour y découvrir l’anagramme secret qui saurait me porter chance, mais que, en longeant le Père- Lachaise, j’hésitais toujours entre plusieurs combinaisons possibles, même abusives ou incomplètes, dont la plupart m’étaient déjà sorties de l’esprit en arrivant devant chez moi, à Montreuil, sauf ces deux messages d’assez mauvais augure : RITA NE S’AIME PAS ou MARIE TES HAINES.

De ne pas oublier que, en vidant un grenier de famille, j’ai découvert au fond d’un coffre en bois une centaine de pains de savon de Marseille, soit le reste du stock que mon grand- père, libéré après quatre ans de stalag, avait acheté dès la fin du rationnement, pour ne plus jamais entendre parler d’ersatz à base de saindoux et autre pierre ponce en poudre, ni des manigances du marché noir, pour se sentir propre jusqu’au bout de sa vie.


De ne pas oublier que mon prénom, a priori masculin, n’a pas d’autre équivalent phonétique en anglais que celui de la toute première des femmes sur Terre, en l’occurrence Eve.


De ne pas oublier que mes deux enfants sont nés trop tard pour avoir connu cette époque où les phares de voitures scintillaient d’un jaune vif, de la même teinte que le motif du gadget dans l’hebdomadaire Pif le chien.


De ne pas oublier que, suite à cinq semaines d’hospitalisation, la nécrose lui ayant noirci phalange après phalange l’extrémité des deux mains, ma mère finissait par avoir les doigts crochus d’une sorcière, tandis que son visage comateux conservait les traits insondables d’une belle au bois dormant.

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5 avril 2014
[Devise officielle & cynisme réel
La gauche à côté de la plaque.]

Sur le fronton des écoles, j’écris ton nom…

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1er avril 2014
[À rebours du Street art carriériste,
le muralisme poético-enragé
de feu Zoo Project (1991-2014)
va beaucoup nous manquer.]

Bilal Berreni a passé son enfance dans l’Est parisien, entre Belleville et le quartier Saint-Blaise, avant de prendre les pinceaux dès l’âge de quinze ans pour dessiner à l’air libre, puis de s’inventer un blaze de peintre mural vers 2009 : Zoo Project. S’en suivent deux années d’intense activisme pictural entre Stalingrad et le Père Lachaise, renouvelant sans cesse son bestiaire chimérique (homme-oiseau, homme-mouton, homme-singe, etc) ainsi que ses clones humanoïdes aux cerveaux à ciel ouvert, dupliqués au doigt et l’œil par l’ordre social.
J’avais repéré quelques-unes de ses fresques à cette époque, lors de balades en scooter.

Jusqu’à tomber sur lui, non loin de la porte de La Chapelle, en train de ripoliner un drôle de tête-à-tête entre deux trépanés. Il m’avait permis de le portraiturer à l’ouvrage, de dos, tout en me racontant ses astuces et galères au quotidien.

Le lendemain, j’ai pu constater que, comme à son habitude, il avait ajouté au tableau urbain un aphorisme de son cru :

En janvier 2011 paraissait dans Article 11 un magnifique entretien du «pirate» mural par Lemi. On la trouve encore en ligne ici.
Au fil de la conversation, l’artiste de rue, du haut de ses 20 balais, brossait en quelques mots bien sentis son refus de céder aux sirènes du Street Art institutionnel : « C’est vrai que les gens commencent à parler de moi, à me proposer des expos. Beaucoup s’imaginent que je vais suivre la voie toute-tracée du street-artiste : tu peins énormément dans la rue pendant un an, puis tu exposes et tu dis adieu à la rue pour toujours. C’est la meilleure manière de perdre toute liberté et créativité. […] Quand tu bosses dans la rue, l’important est d’exposer ta révolte aux yeux de tous, de ne pas la garder pour toi ou un petit cercle. Pour être intéressant, il faut rester sauvage, irrécupérable. Voilà pourquoi je refuse les projets légaux. C’est d’abord une démarche politique, avec ce rêve de contribuer à réveiller une population endormie. Ça peut paraître présomptueux, mais je sais que ma position ne variera pas : les milieux arty me débectent vraiment trop… »
La suite de sa courte existence ne l’a pas démenti. Dès mars 2011, attiré par les premiers éclats de la «révolution dégage» en Tunisie, il se rend sur place. Et ce franco-algérien d’origine commence par s’immerger dans les milieux insurgés avant d’entamer une série de personnages détourés grandeur nature sur carton, en l’occurrence les centaines de morts de l’insurrection partie de Sidi Bouzid. Ces silhouettes servant parfois à de nouvelles manifestations pour les jeunes contestataires trahis de toutes parts.

S’approchant ensuite de la frontière libyenne, non loin de Ras Jedir, il va passer plusieurs semaines à Choucha, un camp de réfugiés où il va peindre sur tissu des centaines d’étendards à l’usage des déplacés alentour.

Durant l’année 2012, L’activiste reprend du service dans ses quartiers parisiens, en électron plus libre que jamais, hors galerie arty, hors champ tout court. On lui connaît une échappée belle en Russie, pour fêter le 1er Mai à Odessa, avec le vidéaste Antoine Page, histoire d’étendre une mutltitude d’étendards sérigraphiés au-dessus du célèbre escalier de Potemkine. On trouvera d’autres images ici.

Et puis sa trace se perd dans les friches urbaines de Détroit au début de l’été 2013. Le mystère vient d’être levé. Assassiné d’une balle dans la tête, son corps attendait depuis des mois d’être identifié à la morgue. Sa mort violente provoque émotion, article louangeurs, le début d’une légende posthume dans le milieu du Street art, et bien au-delà. Mais, pour l’honorer au plus près de lui-même, il ne faudrait pas oublier que de son vivant, il est demeuré rétif à toute récupération, normalisation, commercialisation de sa pratique clandestine. D’où l’envie ici de rendre hommage à un aspect rare et peu valorisé de son travail, son goût d’accoler du textes à ses imageries fantasques. Bref, sa poésie subversive qui fait tant défaut aux carriéristes des arts de la rue.
Salut à toi et Repose En Peinture…

on est rarement
ce que l’on croit être
[Paris, août 09]

dans mon kartier
soit on grandit trop vite
soit on reste des mômes

être dans les statistiques
faire 1 bébé
et demi
[Paris XI, avenue Jean Aicard, mi-septembre 09]

non aux frontières
à sens unik
[Paris XIX, 3 octobre 09]

détache-toi
[Paris XI, bd Richard-Lenoir, 6 octobre 09]

pas encore d’ici
plus jamais de là-bas

[Paris XIX, rue Clavel, mi-octobre 09]

le silence est d’or
le bruit est de béton
[Paris, Pont National & Bd Poniatowski, novembre 09]

j’ai mal à mes racines
[Paris XII, novembre 09]

les oreilles
ont des murs
[rue Oberkampf, décembre 09]

parlez
à vos voisins
[Paris X, quartier République, février 10]

il y a 1 flic en nous
tuons le
[Paris XX, mi-février 10]

c’est assez bien d’être fou
[Paris XX, bd de Charonne, fin février 10]

arrêtons de s’espionner
[Paris XVIII, bd de La Chapelle, fin mars 10]

à défaut d’être au dessus
de tout le monde, on veut
être comme tout le monde
par peur d’être en dessous
[Paris III, rue du Renard, avril 10]

Tatoué par la rue

quand t’es môme
pour être quelqu’un
il faut être plusieurs

Belleville kids
[Paris XX, Bas-Belleville, avril 10]

un voyageur sans bagages
n’a pas forcément la tête vide
[Paris XIX, mai 10]

on apprend plus dans
une nuit blanche que dans
une année de sommeil
belleville nights
[Paris XX, angle rue du Liban & rue Julien Lacroix, juin 10 ]

gare aux
gorilles

hommes
[Paris XX, Belleville, mi-juin 10]

ne plus en pouvoir [d’achat]
[Paris XIX, fin juin 10 ]

ne demandez jamais votre chemin
à quelqu’un qui le connaît
vous risqueriez de ne pas vous perdre
[Paris XIII, bd Vincent Auriol, août 10]

j’ai hurlé des mots
j’ai crié sur les toits
société, tu m’auras pas
c’est assez bien d’être fou
[Paris XIX, août 10]

qui promène son chien
est au bout de sa laisse
[Marseille, Cours Julien, fin novembre 10]

je ne me laisserai pas endormir
dans ma cité dortoir
[Paris XIX, fin novembre 10]

ce n’est pas toujours
l’exploitation de l’homme par l’homme
c’est parfois l’inverse
[Paris, bd de la Villette, janvier 12 ]

la misère ne tombe que sur les pauvres
[Montreuil, rue de l’Eglise, février 12]

Post-scriptum du 17 avril 2014 :
En remontant la rue Saint-Blaise, non loin de là où Bilal, encore gamin, a mûri les premières esquisses de son bestiaire mural en noir & blanc, une fresque en hommage à feu Zoo Project, peinte de fraîche date par le graffiste haut en couleurs KashinK.

Post-scriptum de fin mai 2014 :
D’autres hommages découverts, sur le Net ou en scooter, entre Montreuil et la butte Montmartre.

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