@ffinités

6 décembre 2010
[Texticules & icôneries — Métamorphose contextuelle.]

Sortir de son cocon…  s’imaginer papillon…

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4 décembre 2010
[Antidote à la dépolitisation ambiante
Une expérience en cours… d’expulsion.]

Issue du mouvement des intermittents de l’été 2003 – défendant à travers les annexes 8 & 10 de l’UNEDIC non pas un acquis corporatif, mais le principe d’une mutualisation des ressources contre la capitalisation individuelle des droits sociaux – la Coordination des Intermittents et Précaires (ïle-de-France) avait obtenu de la Mairie de Paris un espace d’expression collective en novembre 2003 : le 14 Quai de Charente. Depuis lors, ce lieu a abrité des permanences sociales d’information, une Université Ouverte centrée sur l’analyse du néolibéralisme, une cantine autogérée, des cours de sport, une bibliothèque, des concerts, des projections, des lectures, des débats… selon le principe du prix libre et de la gratuité, tout en ouvrant les portes à d’autres collectifs de lutte venant d’horizons divers.

Aujourd’hui, le double langage social-libéral de M. Delanoë ayant laissé pourrir la situation sans jamais tenir ses promesses de relogement, cet espace de vie collective est sous le coup d’une expulsion… imminente. Près de 7000 personnes ont déjà signé la pétition de soutien – Nous avons besoin de lieux pour habiter le mondeà cette adresse. Il est encore temps d’y aller faire un tour et un clic de soutien.
Parmi tous les signataires, certain(e)s ont laissé un bref commentaire, message, petit mot, par associations d’idées, d’humour et d’autres humeurs. Et l’air de rien, ça brasse de la pensée à plusieurs. D’où l’intérêt de compiler ces bribes de paroles en un recueil intitulé Dazibao de nulle part. Et l’envie d’en reproduire ci-dessous quelques extraits, dans le plus imparfait désordre.

La lutte et la fête mélange détonant, c’est pourquoi ce lieu doit continuer d’exister.

Qu’avons-nous fait du feu Prométhéen ?

Je déteste les pétitions…

Non aux expulsions de lieux inhabités.

L’individualisme nous momifie.

Parce que, pour, à coté, ensemble, toujours, longtemps…

Virée du système intermittent après 20 années de bons et loyaux services, précaire depuis.

C’est un lieu unique dont la perte serait irréparable. Ne laissons pas faire.

Debout unis pour résister et rêver le monde

Il faut le voir pour y croire

«Dobbiamo avere una casa per andare in giro per il mondo» (Assalti frontali)

Jusqu’où ne descendront-ils pas ?

Je suis moi-même au chômage. La précarité, je connais bien et je suis complètement d’accord avec ce que vous écrivez ou dites.Vous avez le mot juste, c’est du vécu. je le sais parce que je vis ce que vous décrivez tous les jours.Félicitations aussi parce qu’il n’y pas de « misérabilisme » non plus.Juste l’envie de garder sa dignité, et c’est extrêmement important pour continuer de se battre.Voilà ! Ce que vous écrivez me fait énormément de bien au mental, alors, merci pour çà !

Y’en a marre, marre des paaauuuvreus.

Votre université ouverte avait l’air d’être bien plus sérieuse que les «autres universités» que j’ai connu – et j’en ai connus pas mal.

Tout est dit et bien dit. Je vis à la rue et d’expédients avec à ma garde 1 petite fille de 11 ans qui aurais pu apprendre…un peu plus tard certain mots comme : expulsion, indésirable, désolé on ne peut rien pour vous, etc.

«Ils n’auront pas nos fleurs, celles qui nous poussent à l’intérieur …»

Un jour tu travailles et puis plus rien et puis tu refuses, trop de boulot et puis plus rien… heureusement il y a la solidarité.

C’est scandaleux cette gabegie avec des lieux pour happy few comme le 104 tout en laissant crever les précaires qui essaient de s’organiser. Et ça se dit de gauche ?

Tous les mouvements ont besoin d’espace.

Bon courage les loulou lâchez pas le boudin.

Donnez nous des emplois fictifs et des logements de fonction !

c’est admirable d’avoir crée un lieu d’autogestion en plein Metropolis. Il faut que cela continue. Je suis de tout coeur avec tou(te)s celles et ceux qui créent sur les décombres d’un monde qui n’en finit pas de mouriner, des alternatives nouvelles, solidaires, sinon on y passe tous.

Pas de commentaire juste de l’action.

Nous devons pouvoir nous réunir et réfléchir ensemble. Vous nous avez déjà suffisamment séparé de part les réformes. Laissez nous penser ensemble.

Intermittents en colère, intérimaires en collant.

LA CRISE ! SALAUDS DE PAUVRES ! N’Y A T’IL QUE DES NANTIS ! MOI C’EST ANTI CONNERIE ANTI MANIPULATION ! ANTIGONE !

Les comptes ne sont plus à rendre mais à prendre sans attendre. Ni mieux… ni traître !

L’action de CIP est primordiale en ces temps de disette sociale.

On boit ici, on bouffe ici, on danse ici, on reste ici !!

Ce que l’on reproche à un cafard, ce n’est pas de manger les miettes, c’est de proliférer. C’est pour cela qu’on l’extermine.

J’adore l’abstrait !

Précaire, depuis trop longtemps, ce qui n’empêche pas d’avoir des idées, des envies, des projets, parmi lesquels faire entendre nos voix, ne pas lâcher, continuer à résister…

L’été n’est pas une marchandise.

C’est le désir d’un contrôle total de la précarité et de la pauvreté, afin de la maintenir, qui détruit toute forme d’auto-organisation.

Pour soutenir l’un des (trop) rares lieux alternatifs parisiens encore debout…

C’est en effet une affaire de décision politique, j’avais cru comprendre que nous avions une municipalité de gauche, mais j’ai du me tromper. Bon travail No way for l’ennui !

Restons à Quai.

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24 novembre 2010
[Texticules & icôneries — Tag au tag.]

Et si c’était la fêlure qui faisait tenir le mur…

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27 novembre 2010
[Pour en finir avec le complotisme —
Faurisson, de quel leurre est-il le nom ?]

Bien avant de devenir l’éminence grise du négationnisme, l’éternel khâgneux Robert Faurisson a commencé par défrayer la chronique… littéraire. Et, malgré les apparences, ses coups d’éclat en ce domaine étaient loin d’être anodins, ils portaient en germe une torsion du raisonnement qui annonce, dans son hiatus logique même, son déni ultérieur du gazage de masse sous le IIIe Reich et même de la planification génocidaire du régime hitlérien. D’où l’intérêt de s’attarder plus en détail sur ces premiers travaux pour mieux comprendre la suite.

En 1961, l’obscur agrégé de lettres sort de l’anonymat en publiant dans Bizarre, la revue de Jean-Jacques Pauvert, un long article polémique, «A-t-on lu Rimbaud», censé renouveler de fond en comble la lecture du sonnet Voyelles. Sans jamais dévier de sa ligne interprétative, Faurisson prétend démontrer que ce poème, renouant avec les arts anciens du blason corporel, a très consciemment caché dans ses vers un mode d’emploi symbolique qui indiquerait la disposition dans l’espace de chaque lettre (après rotation d’un demi-tour ou d’un quart de tour). Ainsi, une fois remise dans le bon sens, la forme typographique des cinq voyelles épouserait successivement les points sensibles d’une femme nue : A renversé du triangle pubien ; E couché des deux seins ; I couché de la bouche; U renversé de la chevelure; quant à l’oméga final… une paire d’yeux extasiées. Et puisque ces cinq clefs semblent ouvrir le même trou de serrure, on peut enfin y reluquer le secret si bien gardé du texte : un tableau vivant, reconstitué pièce par pièce, de l’orgasme au féminin…
Et pourquoi aucun glosateur n’en avait eu l’idée auparavant ? Pour la bonne raison, toujours selon Faurisson, que cet insoupçonnable poème érotique était crypté à dessein… par Arthur Rimbaud lui-même.

Dix ans plus tard, le même redresseur de tort s’attaquera aux Chants de Maldoror, où il ne verra qu’un montage parodique de références potaches, avant de révéler au grand jour vers 1977 La clé des Chimères nervaliennes selon son seul sous-texte ésotérique. À première vue, l’érudition de ces déchiffrages a de quoi bluffer. On se laisserait presque gagner par le défi maniaque qu’offre un puzzle géant à reconstituer ou par l’excitation juvénile devant le rébus parcheminé d’une chasse au trésor. Bref, on risquerait tout bêtement de se prendre au jeu, si ce casse-tête n’était piégé d’avance, miné dès l’origine par d’étranges présupposés.

Premier postulat de Faurisson : un texte ne saurait vouloir dire qu’une seule chose à la fois, à l’exclusion de toute autre signification, rangée au magasin de l’accessoire. Face à ceux qui s’attachent à faire surgir d’un objet littéraire des possibles hétérogènes, des contradictions intestines, des ambivalences profondes, des zones d’indécidabilité, des rapports de force ou de fragilité, et même une dissolution du sens dans sa pure musicalité, l’exégète fait l’hypothèse d’une univocité absolue. Sa démarche part de ce principe aussi naïf que retors : tel poème ou telle prose porte en soi un message qu’il suffit ensuite de distinguer parmi d’autres niveaux de lecture bientôt rendus à leur quantité négligeable au regard de le résolution définitive de l’énigme.
Un deuxième postulat découle du précédent : si chaque œuvre recèle un sens unique, c’est parce qu’un démiurge en a ajusté la cible, coordonné les énoncés. Autrement dit, l’écrivain serait maître en tout points – et virgule – du but à atteindre ou du message à délivrer. En lui, prime une intentionnalité absolue. Et là encore, sous-entend Faurisson, on se tromperait à imaginer tel poète débordé par sa plume, sinon pire encore, à demi inconscient de ce qui se trame dans le flux en cours d’élaboration. Pas de work in progress, à tâtons ou à l’aveuglette, ni de confusion brouillonne en son esprit – surtout pas de « ça ». Non il est seul concepteur et responsable de ses causes et effets. Rien ne lui échappe ni n’outrepasse sa pensée. Le contenu livresque ne fait qu’appliquer un programme préconçu d’avance. Du coup, notre ressenti subjectif n’a plus aucune raison d’être, puisque l’important c’est de traquer entre les lignes des indices tangibles, les pièces éparses de la conviction initiale de l’auteur.
Mais à ce stade-là, un troisième postulat vient aussitôt compliquer la tâche de l’investigateur littéraire. Car par nature, l’écrivain avance masqué, d’autant qu’il doit parfois déjouer la censure ou réserver sa science occulte à quelques initiés et plus généralement prendre plaisir à tromper son monde. D’où cette ruse de la raison littéraire : ne dévoiler jamais ses intentions sans avoir au préalable brouillé les pistes et codé son message. Comment faire pour s’y retrouver ? D’abord en se méfiant du contenu trop manifeste, tout ce qui est mis en évidence est suspect. Pour Faurisson, il y a invisibilité a priori de la nature profonde d’un texte, non parce qu’il serait polysémique ou que son auteur ignorerait partiellement où il veut en venir, mais bien au contraire parce que l’œuvre est forcément le tombeau muet d’une intention inavouable, cachée dans le jeu de miroir du fond et de la forme, travestie pour faire illusion, mise sous clefs symboliques. Et tout le reste n’est que mensonge du ressenti subjectif.
Avec de telles œillères, c’est la littérature elle-même qui est tarie à la source et son imaginaire réduit à sa plus simple expression : un leurre émotif qui camouflerait la transmission d’un message secret. Comme si la fameuse invocation de Rimbaud à «être voyant» renvoyait aux prophéties cryptées d’un Nostradamus ; et son «La vraie vie est ailleurs » se confondait avec le slogan complotiste de la série X files : «La vérité est ailleurs…» Quand les légendes séculaires de l’ésotérisme rejoignent les modes opératoires des services de renseignement…

Inutile d’insister, dira-t-on, ce système de pensée sentait dès 1961 le parano psychorigide à plein nez, aucun intérêt. Et le précoce goût du scandale de Faurisson, cantonné à des cercles académiques restreints, aurait dû finir aux oubliettes. Sauf qu’à partir de 1979, le petit prof, désormais auto-proclamé historien, a changé son fusil d’épaule pour s’attaquer au «Problème des chambres à gaz et à la rumeur d’Auschwitz». Et cela en usant d’une méthodologie similaire : soupçonner une vérité cachée sous le leurre mensonger du «génocide» et remonter aux intentions secrètes du peuple juif, censé avoir usé de ce leurre victimaire pour créer et consolider l’État d’Israël. Il lui a suffi de considérer les faits historiques comme de pures fictions pour remettre en branle ses vieux réflexes de donneur de leçon littéraire. Partir en quête d’un secret inavouable, supposer un démiurge à cette œuvre au noir (le complot judéo-sioniste) et inventer de toute pièce «sa» solution finale… réfutant celle instaurée par la machine d’extermination nazie d’un seul tour de passe-passe sophistique.

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26 novembre 2010
[Bribes d’auteurs posthumes
L.-F. Céline… Bagatelles avant le massacre.]

En 1937, Céline quitte pour un sacré bail le terrain d’aventures de la fiction pour devenir un pamphlétaire en vogue, avec son best-seller de triste mémoire, Bagatelles pour un massacre. Loin de prendre l’époque à rebrousse-poil, il surfe sur la vague réactionnaire qui succède au Front Populaire, il fait chorus avec les loups antisémites de tous poils, pseudo anticonformistes de posture et futurs transfuges de l’union sacrée pétainiste. Comme l’a souligné André Derval dans la préface de sa compilation d’articles parus à la sortie de Bagatelles : « On observera dans ce dossier de presse (…) que de nombreux critiques se divertissent de [sa] puissance comique et que les grossièretés à l’égard de la minorité juive ne réjouissent pas ici que les patentés de l’antisémitisme, les croisés de l’extrême-droite révolutionnaire, mais se fondent dans un magma de préjugés (…) débouchant sur des articles cultivant sciemment le malentendu, au premier rang desquels celui d’André Gide, dont les termes seront souvent repris.»

Sans parler d’enthousiasme unanime, on s’aperçoit que ce pamphlet a reçu un accueil majoritairement complaisant, parfois tempéré de vagues nuances, scrupules et réticences, sinon excusé par les supposées intentions farcesques de l’auteur. Pauvre rabelaisien incompris qui n’aurait écrit sa harangue qu’au deuxième degré, pur défouloir littéraire qu’on aurait tort de prendre au pied de la lettre. L’éternel défense & illustration du pousse-au-crime en victime… d’un malentendu. Reste que face à ce concours d’hypocrisie bien française – celle des actuels pourfendeurs de la bien-pensance et du politically correct –, il y eut alors quelques voix discordantes pour renvoyer Céline à ses propres contradictions, et parmi ces voix, n’en déplaise à certains, les plus intransigeantes venaient d’extrême-gauche, sous la plume du réfugié allemand, H.E. Kaminski, répliquant dès 1938 par son brûlot Céline en chemise brune, mais aussi celle du bolchevique dissident Victor Serge ou du surréaliste libertaire Georges Henein. Et pour juger sur pièce, quelques extraits sans faux-semblants ni tergiversations réthoriques :

Pogrome en quatre cents Pages,
par Victor Serge,
La Wallonie, (Liège), 9 janvier 1938.

Je me souviens d’un écrivain dont chaque page rendait un son plein, d’oeuvre vivante, vécue, douloureuse, indignée, révoltée… Je ne le lus que par fragments,mais ces fragments me suffirent. Par millions, nous de ce temps,nous avons cheminé à travers 1a nuit sans en atteindre le bout. Tunnel sans fin! Les guerres, les prisons, les révolutions vaincues ou escamotées, la sordide petite bataille quotidienne pour les cent sous, le mensonge asphyxiant respiré toute 1a vie sans masque protecteur – le mensonge qui se plaque même à votre face pour 1a modeler… C’est ça 1a Nuit de l’homme moderne. Je fus, comme nombre d’autres, reconnaissant à l’écrivain inconnu qui en sortait pour lâcher ce cri forcené, ce cri désespéré, au visage des satisfaits. Il s’appelait Louis-Ferdinand Céline. (…)
L.-F. Céline fit ensuite un voyage en Russie pour, à son retour, se frapper 1a poitrine : Mea culpa ! Mais il n’avouait aucune faute sinon peut-être d’avoir cru, tout au fond de lui-même, que l’homme, cette brute définitive, pourrait être un jour tiré de 1a bestialité… Ces pages,d’un pessimisme noir et bas, étaient sans grandeur ni force parce qu’elles étaient sans intelligence. (…) Il ne condamnait pas les naufrageurs d’une révolution, mais 1a révolution tout entière : il ne dénonçait pas les fossoyeurs du communisme, mais le communisme; il ne recherchait pas les causes d’une défaite des travailleurs socialistes, qui ne saurait être qu’un moment de l’histoire, il crachait sur le socialisme, sur l’homme, sur tout, avec cette abondance de salive qui lui est propre.
Bagatelles pour un massacre reprend les mêmes motifs en près de quatre cents pages insurmontables, où les verbes et les substantifs dérivés du mot cul tiennent une place accablante de monotonie, en y ajoutant une obsession nouvelle, taraudante, hallucinante, abrutissante et par-dessus tout écoeurante: la haine du Juif. Au fond l’antienne est vieille, tous ces bobards sont éculés, ces citations outrageusement fausses ont traîné dans des tas d’officines louches et pis que cela, ces renseignements sur la puissance do 1a juiverie et de 1a maçonnerie mondiale, sur les milliards versas à Lénine-Trotski en 1917, par la finance juive, pour faire 1a révolution russe, sur les origines juives de Lénine – et caeter, et caeter –, toutes ces mornes sornettes, Céline les a ramassées dans les antiques poubelles de l’antisémitisme… Rien de neuf ni d’original là-dedans, sinon la gageure d’en faire tant et tant de pages décousues, toutes les mêmes, par un procédé si monocorde que le plus sec des gens de plume pourrait fabriquer du Céline, à tant 1a page, après une heure d’apprentissage. Je mets 1e lecteur au défi de lire trente pages de ça, ligne à ligne, comme lire se doit un livre digne de ce nom. Et d’arriver jusqu’au bout de cette nuit-là, il ne saurait être question.
Mystification virée au sinistre ? Oeuvre de déséquilibré ? Conversion cynique à la plus misérable des causes ? L’état d’esprit exprimé par ce livre, la réaction 1’a sciemment créé et entretenu en Russie sous l’ancien régime, en Allemagne nazie, dans des coins d’Algérie; et l’homme moderne lui doit les pogromes, le supplice des Juifs dans les camps de concentration d’Oranienburg, de Dachau et autres lieux, l’assassinat d’un Erich Müshamm, clair poète, dans une cellule de prison, ce document photographique enfin, provenant d’une rue de Munich 1934 : de vigoureux garçons en chemise brune, le revolver à la taille, font marcher par 1a rue un intellectuel a lunettes qui porte sur sa poitrine cet écriteau : «Je suis un Juif immonde.» C’était un avocat connu : on le tua.
L’utilité de ce genre de littérature – si littérature on peut dire – se voit aisément : elle peut contribuer au lendemain de certaines mobilisations ou de certains désastres à détourner la fureur des foules, vouées au massacre des vrais responsables, sur les petits boutiquiers juifs des quartiers d’émigrés. Elle trouble les consciences obscures en y bouleversant les notions de causalité. La misère, les crises, les conflits, l’insécurité, l’iniquité, tout cela n’est plus dû à une certaine forme de l’organisation sociale, fondée sur 1a propriété capitaliste des moyens de production, mais à la malignité du Juif.
L’antisémitisme est, dans la décadence du régime actuel de la production, un sous-produit du nationalisme, poison au second degré, appelé à désagréger l’intelligence des masses. Qu’opposer au redoutable sentiment de solidarité internationale, né de 1a communauté de travail et d’épreuves de l’immense majorité des hommes, qu’opposer à la raison qui constate l’unité du monde civilisé – unité de technique, unité de culture fondée sur 1a diversité même, unité d’aspiration vers le bien-être et 1a paix inaccessibles –, qu’opposer à cette inexorable nécessité révolutionnaire, pour maintenir encore un peu les vieux privilèges, les vieilles petites frontières barbe1ées, 1es vilaines petites haines indispensables aux privilèges et aux frontières,- sinon 1a mystique des races ? Peu importe que le concept même de race ne résiste à aucun examen, il n’est que d’appliquer aux savants le régime de 1a trique et de 1a confiture. Or,1a mystique des races se doit d’être prudente : on ne saurait chauffer trop a blanc l’Allemand contre l’Anglais, car l’Anglais est puissant. Le seul peuple que l’on puisse persécuter impunément est celui qui, n’ayant plus de territoire, n’a d’autre puissance que sa capacité de travail. Faute de comprendre ces choses simples, un écrivain démoralisé touche aujourd’hui le fond de le nuit la plus sordide.

Adieu à Céline,
par Georges Henein,
Le Nil
le Caire, février 1938)

Tour au long des 379 pages de sa dernière production qui porte le titre réversible de Bagatelles pour un massacre, Louis-Ferdinand Céline se livre aux joies de l’antisémitisme. Ce n’est pas un roman-fleuve, c’est un pogrome-fleuve. La chose est d’autant plus surprenante que dans les deux précédents ouvrages de Céline, Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit, fertile l’un et l’autre en tonitruantes imprécations, pas une traître ligne ne concernant ou n’éclaboussant les Juifs. C’est donc une toute récente découverte que vient de faire Céline et cela explique quelque peu l’insistance avec laquelle il agite, brandit et anime un verbe fracassant et paradoxyste. Espérons que Céline s’avisera bientôt que si le monde est en perdition la faute en incombe aux végétariens ou aux Esquimaux ou aux taoïstes. Ce qui lui permettra de remettre en cause l’humanité tout entière à l’exception bien sûr de sa propre personne. Dans le genre procès collectif, Céline est imbattable. Sa vocation de justicier universel enfle démesurément. C’est à se demander si l’immortel M. Ubu n’a pas choisi pour se réincarner une fois de plus, la viande tumultueuse de Louis-Ferdinand Céline. Rappelons que M. Ubu est l’inventeur de cette phrase géniale qui est tout un programme de gouvernement : « Alors je tuerai tour le monde et puis je m’en irai !» (…)
Tout ce qui gêne, irrite, vexe, congestionne, indigne, désole l’éminent écrivain est automatiquement qualifié de juif. Exemple, les monumentales et malpropres inepties qu’inspire à Céline l’activité surréaliste.
«Le surréalisme (sic), écrit-il, prolongement du naturalisme (??)… art pour robots haineux, instrument de despotisme, d’escroquerie, d’imposture juive, le surréalisme est le cadastre de notre déchéance émotive… L’invasion surréaliste je la trouve absolument prête… elle peut déferler sans hésitation par l’effet de la loi du nombre… Il ne reste pour ainsi dire plus rien devant l’art Robot prêt à fondre… (p. 171). » L’imposture chez Céline cela consiste à rendre des sentences sonores et décisives sur des causes dont on ignore le premier mot. Le surréalisme qui s’est dressé depuis toujours contre la pensée mécanique, contre la confection sentimentale, contre tous les manuels de savoir-vivre et de savoir obéir, a donné naissance à l’art le plus anti-Robot qui se puisse imaginer. (…) Céline a beau se lamenter de ce que l’évolution de l’art contemporain tend à «remplacer l’émotion aryenne par le tam-tam nègre » – pour mon compte je préfère encore le tam-tam nègre au vomissement célinien.
Ailleurs Céline en veine de diffamation sordide et gratuite trouve moyen d’écrire l’ignominie suivante : «Il est excellent que Monsieur Faulkner, Mademoiselle Baum, Monsieur Cohen, Monsieur Levy, Mrs Juif Gehial-Srein copient à longueur de carrière triomphale, plagient, fouillent, démarquent nos plus chenus, éculés naturalistes.» Ceci est le comble de la tricherie. Que Céline ait en horreur William Faulkner c’est son droit. Mais qu’il prétende escamoter son œuvre, sans débat, en vitesse, en la jetant dans le même panier que celle de Vicky Baum, c’est un procédé honteux qui nous permet d’assigner à Céline une place très élevée dans la hiérarchie des salauds littéraires. Au regard de ce Céline la planète entière est juive ou enjuivée. Qu’attend-il pour la faire sauter et lui avec? Il y a quelques années de cela, Henri Lefebvre répondait en ces termes à un message de Céline: «Cher confrère… vous prenez un peu trop au sérieux votre manière de ne rien prendre au sérieux.» Erreur. Louis-Ferdinand Céline prend au sérieux Louis-Ferdinand Céline. C’est beaucoup trop. Pour conclure en un style approprié, disons que par rapport au Voyage au bout de la nuit le dernier ouvrage de Céline n’est que «le cadastre de sa déchéance émotive». Et qu’on n’en parle plus.
P.-S. : Au cas où cet adieu parviendrait à son destinataire, je tiens à l’avertir que je ne suis ni Juif ni même enjuivé et que par ailleurs, je considère avec un égal mépris toutes les religions, toutes les Églises, tous les dieux.

D’autres matériaux de réflexion à propos des œuvres de Céline…
plutôt par ici.

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24 novembre 2010
[Texticules & icôneries — Poster… a posteriori.]

Têtes d’affiche tombées en disgrâce.

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22 novembre 2010
[Prétextes extra-littéraires — Bartleby… à double tranchant.]

Le fameux «je préférerais ne pas…» du gratte-papier Bartleby face à son employeur, dans la nouvelle de Melville, a beaucoup fait gamberger, ratiociner, gloser depuis une trentaine d’années. Drôle de figure de style qu’on a auscultée sous pas mal de coutures, mais souvent à sens unique. Alors j’y ajoute une pierre blanche, une intuition de lecture ancienne. Et si l’on prenait cette répartie un peu plus à la légère : simple réflexe d’autodéfense juvénile, gaminerie du tac au tac qui joue de sa maladresse au premier degré. Parce que cette réplique en forme de cul-de-sac, c’est du Zazie tout craché, un pied de nez, une pirouette, un mot d’esprit bravache qui refuse d’opiner, d’approuver, d’acquiescer, mais en douce, façon clin d’œil, pour désamorcer le conflit avec le monde adulte sans céder un pouce de terrain. Ni engueulade ni reculade, juste les faux-semblants ludiques d’un « ni oui, ni non ». Double jeu de patience et d’omission. Une blague qui prend en traître l’esprit de sérieux.
Faute de remonter à ce don d’insolence précoce – à l’énergie brute de l’immaturité, comme dirait Gombrowicz –, on n’y comprend que couic aux sources d’éternelle jouvence du « je ne préfèrerais ne pas… ». Et si la phrase écourtée de Bartleby nous parle d’évidence, c’est que sa syntaxe imparfaite, balbutiante, inachevée, fait écho en chacun au b-a-ba de ses premières joutes verbales. On se croirait revenu au temps où, relevant soudain la tête en nous, le «petit philosophe» en herbe commence à affûter ses armes critiques, à oser un avis contraire, à improviser avec les moyens du bord un refus ni franc ni massif, plutôt alambiqué et qui profite de s’être pris les pieds dans le tapis pour échapper au dilemme… comme Bartleby avec sa négation au conditionnel et autre tournure transitive mais sans complément d’objet défini. On imagine aussi les bras croisés et la moue boudeuse qui vont de pair avec cette réponse évasive, ce moment où, face à l’injonction brutale, excédée, punitive de se prononcer, le gamin fait le mort à vif, figeant sur place son insolence sous quelques bribes inaudibles : «j’aimerais mieux… que bof… peut-être ben que… si c’est obligé… pourquoi pas une autre fois…». Et soudain, c’est le le langage qui fait défaut, qui perd ses marques sous le coup d’une colère froide, qui bégaie toutes les formes possibles de la non-volonté, de l’irrésolution absolue : «D’accord ou presque quoique néanmoins tout plutôt que ça», sans jamais lâcher le vrai nom du «non» qui lui brûle les lèvres. Ou alors, il le sait d’expérience, ce môme, tout finira par céder en lui, de gré ou de force, aux exigences adverses.
On imagine un Bartleby retombé dans cette enfance-là, ce huis clos mi-familial mi-scolaire où chacun a déjà expérimenté les mille façons de contourner les arguties d’autorité, les arbitraires du plus fort, pour désobéir en toute innocence, l’air de rien, en usant du moindre temps mort, malentendu, faille pour échapper à des devoirs obligés. En bon copiste, il imite la voix intérieure du gosse depuis trop longtemps étouffée en lui, et renoue avec d’anciens masques : fieffé réfractaire sous sa gueule d’ange, clown blanc sachant déjà résister aux ultimatums de ses maîtres et géniteurs. À force de s’entêter à mots couverts, comme un Buster Keaton en bas âge, il doit bien se marrer intérieurement mais en toute impassibilité. Et il joue gros cet acteur muet de lui-même : plutôt le coup de dés d’un caprice inarticulé que les fausses alternatives d’un choix d’avance truqué. Ruse de la déraison infantile, c’est par ce chemin buissonnier que Bartleby semble avoir trouvé le biais imparable face au diktat du principe de réalité. Avec ses airs narquois de pas y toucher, en vieux singe du zoo bureaucratique, il s’est réinventé une seconde jeunesse.

Et ce genre d’astuce précoce, faut dire que ça marche neuf cas sur dix avec les parents, parce que ça les prend au tripe, ça les apeure, ça les remue, ça les rend dubitatif, bref, ça les fait culpabiliser sur place. C’est le retour de manivelle de tout chantage affectif. Et pourquoi ça a l’air de marcher pareil, dans la nouvelle de Melville, au milieu du dix-neuvième siècle, en plein quartier d’affaire londonien, chez un juriste financier de la City ? Parce qu’en face de Bartleby, il y a un «homme de loi» philanthrope, un patron paternaliste justement, de l’époque des bonnes œuvres charitables. Et le devenir orphelin de son employé-protégé, ça le mine de l’intérieur. D’ailleurs, comme cette belle âme est aussi le narrateur du bouquin, on est bien placé pour voir quels problèmes de conscience ça lui pose et, a contrario, combien une force d’inertie solitaire peut faire contre-pouvoir dans ce contexte-là. Mais ensuite, vers le dernier tiers du texte, l’interlocuteur de Bartleby change, son attitude aussi – d’un cynisme qui ne s’en laissera plus conter. Du coup, ça vire au cauchemar pour Bartleby : licenciement sec, emprisonnement, grève de la faim et mort lente. Bref, après l’humanisme charitable, un autre versant idéologique du capitalisme se dévoile – où toutes les relations sociales sont interchangeables, machinalement impersonnelles. Un monstre froid a repris la main, sans plus trembler ni se laisser intimider par l’intrus. Et à ce stade d’exploitation-là de la force de travail anonyme, le déni excentrique de Bartleby, sa posture-imposture de retrait, ça ne prend plus, ça manque sa cible, ça va même droit dans le mur. D’où cette impression troublante qu’on s’est soudain rapproché de l’univers désespérément clos d’un Kafka, où l’on troque toujours une captivité pour une autre et où, comme dans La Colonie pénitentiaire, le règlement finit par faire corps avec son exception.

Bizarrement, on a souvent eu tendance à négliger la seconde partie du livre, à en oublier l’épilogue qui fait courir Bartleby à sa perte pour ne valoriser qu’un acte de parole en forme de «résistance passive». Un petit écart devenu grand, puissance performative aidant… De fait, cette relecture partielle du «je préférerais ne pas» entre en concordance évidente avec notre époque. Un tel regain d’actualité ne vient pas de nulle part, il rend grâce à tous les refus « en creux » qui font discrètement dissensus. Et aujourd’hui, vu la crise des grands antagonismes frontaux, il faut avouer que ça résonne de mille manières micro-politiques, que ça fait surtout métaphore existentielle : l’exil volontaire qui annihile le rapport des forces en une absence de rapport tout court ; l’aveu de non-motivation qui déstabilise la réciprocité des affects au travail ; le grain de sable sur le bout de la langue qui, loin du caillou lapidaire du scandale, enraye tout autant la machine ; la réponse abâtardie exprès qui diffère, disjoncte, difracte les liens de soumission ; le chômage technique d’une volonté qui met tout le reste en suspend, au conditionnel… Et toutjours à très petite échelle, mais d’une consistance plus collective, le zèle improductif de Bartleby fait repenser au fameux « pas de côté » de l’An 01, un film de Gébé & Doillon qui prônait dès 1973 ce minimum programmatique : «Et si on arrêtait tout…». Depuis lors, ce motif subversif a hanté nombre de mouvements « d’objection de conscience » ou de « désobéissance civile ». Il a servi de mot de passe à la Coordination des Intermittents & Précaires et, plus récemment à une paradoxale «Grève de chômeurs», refusant tout misérabilisme victimaire pour mieux contester le chantage au travail obligatoire … Ici et là, le spectre de cet accident (grammatical) du travail se propage, circule de bouches à oreilles et diffuse sa modeste exemplarité. Il brode à la marge des contestations officielles – tuées dans l’œuf ou fossilisées d’elles-mêmes –, d’autres types de riposte. Expériences de vie minuscules qui tentent, et c’est déjà pas mal, de conjuguer le «je» au «nous», d’assumer la force du doute, la désertion partielle, l’intransigeance mutique, l’insolence contagieuse et toutes les ruses d’ une fin-de-non-recevoir implicite.

Mais s’il faut encore un instant, revenir au texte de Melville, le tenacité désarmante de Bartleby est plus ambiguë que cela – jubilatoire et désespérante. Buté sous son bonnet d’âne carnavalesque il l’est, mais au péril d’une claustration volontaire, au risque de dormir sur place, de ne trouver d’autre issue que de faire partie des meubles, réifié entre ses quatre murs, pâle copie de lui-même 24h sur 24. Jouant avec le feu de certains paradoxes, il a investi sa propre aliénation jusqu’au trop plein, pour que ça déborde, mais au-delà de ce point de rupture, ne lui reste plus que le songe creux de sa victoire. Non pas un temps mort qu’il se réapproprierait d’une quelconque manière, non pas l’occasion clandestine de «perruquer» ses heures perdues au bureau pour son propre compte, non pas la « reprise individuelle » d’un contre-emploi du temps, mais une vacance à perpétuité. Et derrière le rétif s’aménageant par son drôle de sésame une issue provisoire, il y a un envers du décor, celui d’un zombie auto-bunkerisé et bientôt broyé aux confins de sa politique du pire. Derrière la mouche du coche qui fait dérailler le train-train quotidien, il y a également le forcené pris au piège de sa position de repli, espèce d’Intouchable banni du genre humain. D’un côté, la machine de guerre ironiste ; de l’autre, le kamikaze implosif. Ou pour reprendre deux références qui hantent rétrospectivement le texte de Melville : Gombrowicz versus Kafka.
Mais tant qu’à se servir de la littérature pour réfléchir le monde, en sonder les énigmes qui nous sont de la plus familière étrangeté, je ne crois pas qu’on puisse trancher entre ces deux tentations siamoises de Bartleby ; entre l’archange mineur réussissant son «pas de côté» et le suicidé de la société rattrapé par les passions tristes de son esprit de sacrifice. C’est même là que réside la zone de trouble, le point d’extrême ambivalence de notre rapport à toute servitude – et à celle du labeur en particulier. Entre résistance fragmentaire, hiatus partiel, insoumission infime et abdication de soi, trou noir catatonique, pilote automatique. C’est le serpent de mer de nos marges de manœuvres – émancipation/surinvestissement – face aux formes récentes du travail discontinu, à sa courbe d’ajustement des profits, mais surtout à la sinusoïde des humeurs précaires qu’elle engendre, trop souvent maniaco-dépressive, entre ligne de fuite et rechutes de tension. Sans me sentir capable d’en dire plus, ni chercher quelque conclusion volontariste, il me semble tout bêtement que faire la distinction entre ces deux Bartleby ouvre des pistes. Et, à l’inverse, que leur confusion permanente nous mène la vie dure.

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6 novembre 2010
[Texticules & icôneries
Pour contresigner la paix sociale.]

Jeu d’écritures & double langage.

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12 novembre 2010
[Bibliothèque et toc — Blind test]

Écouter un morceau en toute ignorance, sans en connaître le titre ni la date ni le pays d’origine ni la gueule de l’album ni le genre de zique ni le nom des auteurs-compositeurs-et-interprètes… Bref fermer les yeux pour tendre l’oreille : Blind test ça s’appelle.
Quelque part sur le site – côté Mur du son – il y en un bonne quarantaine, de pistes mp3, en guise de Best-of, à savourer dans leur total incognito…
Pour entamer l’expérience, un premier extrait, en boucle :

Les autres ritournelles vous attendent dans ce coin-là…

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11 novembre 2010
[Texticules & icôneries
Simulation d’un bug en ligne, radiographie cérébrale.]

Amnésie partielle                                                                             Mémoire vive
(blogosphère gauche)                                                           (hémisphère droit)

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