28 mai 2012
[Texticules et icôneries — Suite dans les idées.]
Système d’accrochage mnémotechnique.
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28 mai 2012
[Texticules et icôneries — Suite dans les idées.]
Système d’accrochage mnémotechnique.
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24 mai 2012
[Souviens-moi (suite sans fin).]
De ne pas oublier qu’à Hiroshima l’écrivain Hara Tamiki, irradié de la première heure le 6 août 1945, s’est aussitôt mis à consigner dans un carnet chaque arbre aux feuilles rougies, chaque âme errante défigurée, chaque cadavre dérivant au fil de l’eau, carnet largement cité dans Fleurs d’été paru deux ans avant son suicide en 1951, mais dont les pages manuscrites, si souvent exposées aux photographes et cameraman depuis, lors de reportages commémoratifs, se sont peu à peu effacées, la plupart des caractères ayant fondus au blanc sous l’effet des sunlights.
De ne pas oublier que si j’ai fini par racheter Mars de Fritz Zorn avant-hier, c’est que l’inconnue qui m’avait emprunté ce livre, une étudiante Kabyle «sans prénom ni tabou ni frontière», au lendemain du rêve éveillé de notre rencontre à la terrasse d’un café, il y a une trentaine d’années, ne m’a jamais redonné signe de vie.
De ne pas oublier ce vigile du Collège de France qui, depuis le début du printemps 1984, était chargé de prévenir ceux qui se présentaient chaque mercredi matin au cours de Michel Foucault «ben que désolé mais le professeur est toujours grippé», et l’ultime haussement d’épaule du même vigile, la veille de l’annonce officielle de la mort du philosophe, évoquant une fois encore sa «grosse grippe», sans que j’aie pu alors deviner s’il bluffait de son propre chef ou si on lui avait soufflé ce diagnostic opportuniste.
De ne pas oublier que mon camarade de classe Liu Ngai pouvait croquer à pleines dents plusieurs piments rouges d’affilée tandis que les larmes lui montaient aux yeux dès la première bouchée d’un hot-dog enduit de moutarde extra-forte, et que le même Liu raffolait des fameux «œufs de mille ans» que sa mère avait laissé pourrir trois mois sous leur coquille tandis que la moindre trace de moisissure dans le roquefort le dégoûtait d’avance.
De ne pas oublier que, issu d’une famille arménienne de rescapés du génocide, ayant quitté leur port d’attache ottoman via la Syrie puis rejoint Lyon au début des années 30, le premier fils fut baptisé d’un prénom traditionnel plutôt rare, Vartan, mais que, par la faute de l’employée d’état-civil, la troisième lettre ayant sautée lors de sa transcription officielle, ce «r» manquant ne lui porterait pas chance – mal parti ce Vatan, décédé accidentellement peu après sa majorité légale, d’après sa petite-nièce qui n’aura jamais connu de lui que ce malentendu initial.
De ne pas oublier que le mot traçabilité, apparu en pleine crise sanitaire de la «vache folle», quelques années avant l’an 2000, a d’abord figuré sur des affichettes à l’entrée des fast-foods, pour certifier auprès de la clientèle l’origine franco-française de la bidoche hachée des burgers, avant d’englober par extension sémantique le suivi des délits, dépenses et déplacements de la viande d’espèce humaine.
De ne pas oublier cette jeune fille manouche qui, délaissant sa mère occupée à faire la tournée des poubelles pour y dénicher quelques rebuts de métal à apporter au ferrailleur d’à côté, s’était arrêtée devant un panneau d’affichage électoral, avant de repasser au feutre jaune fluo les lèvres de la candidate écologiste Eva Joly, puis de remplir les lettrages blancs du slogan de campagne du Front de Gauche, mais qui, faute de temps, sa mère l’ayant déjà rappelée à l’ordre, n’avait pu colorier que le NEZ de PRENEZ et le VOIR de POUVOIR.
[La série des Souviens-moi ayant fait son
chemin par extraits sur ce Pense-bête,
on en retrouvera la somme remaniée et
augmentée dans un volume à paraître
aux éditions de l’Olivier en mars 2014.]
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22 mai 2012
[Texticules et icôneries — Sens de la visite.]
Portrait de couple au cube chimérique.
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Rendez-vous ici même.
Rendez-vous ici même.
Rendez-vous ici même.
Rendez-vous ici même.
Rendez-vous ici même.
Rendez-vous ici même.
[Machine à cacher – Intérim – Confort précaire –
Fils de pub – Auto-shop – Image trafiquée…]
Rendez-vous ici même.
[Insulte littéraire – Art de l’outrage – néo-Zazous –
Polémique télécommandée – Humoristes officiels…]
[Sponsors originels – Autoproduction –
Spiritual partners – Insignes de vie…]
Rendez-vous ici-même.
[Il Manifesto – Homme-burger – Matchs funèbres –
Culte de la croissance – Mentalités d’assistés…]
[Louis-Ferdinand Céline – Fictions du politique –
Servitude volontaire – Système d’hostilités…]
Rendez-vous ici ou là ou ailleurs.
[7 juin 68 – Groupe de paroles – Happening –
Théâtre d’un événement – Psychodrame…]
[Pity Pride – Syndrome compassionnel – Duplicitaire –
Contre-mendicité – Carrefour & Resto du coeur…]
[Points d’intersection – Des hauts & des débats –
Bartleby – Défaut de mémoire – Faiblesse oblige…]
Rendez-vous ici même.
[Photo-montage – Perspectivisme –
Petites différences – Planche-contact…]
[Verbe collectif – Voix discordantes – Manifs sauvages –
Paroles dissensuelles – Cadavres exquis – Off record…]
[Art plastique – Libertin rural – Chimères objectales –
Symboles dépareillés – Coq à l’âne – Gai savoir…]
Rendez-vous ici même.
[Cuisine littéraire – Accommoder les restes –
Doute goûteux – Ersatz – Physique amusante…]
Rendez-vous ici même.
[Vrai Art Nouveau – Sabotage, perruque, fraude –
Libé (1977-79) – Refus du travail – Autonomie…]
[Sexe & Graffiti – Ernest Ernest –
Secrets d’alcôve – Prose d’urinoir…]
Rendez-vous ici même.
[Antépénultième – subliminal –
Interdit aux moins de 18 ans…]
Rendez-vous ici même.
[Robert Doisneau – Musée du Louvre –
Enfant sans collier – Mouton noir…]
Rendez-vous ici même.
[François Wastiaux – Festival d’Avignon –
Valsez-Cassis Cie – Mise en scène & abîme…]
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14 mai 2012
[Antidote au pessimisme ambiant —
À propos du Printemps Erable au Québec,
un mouvement pan-américain de refus
de l’endettement scolaire obligatoire.]
On se souvient que c’est dans le berceau du néo-libéralisme thatchérien, en Angleterre, qu’un vaste mouvement étudiant avait contesté les coupes budgétaires dans le domaine de l’éducation qui se traduiraient là aussi par un renchérissement des droits d’inscription et donc un endettement massif de l’immense majorité des candidats à la fac et autant de boulots précaires sous-payés pour joindre les deux bouts. Un tel clash social ne s’était pas vu outre-Manche depuis des décennies.
Sur le continent américain, la contestation radicale de l’endettement forcé des candidats à l’Université a commencé au Chili par une grève étudiante de cinq mois entamée en mai 2011. Dans ce pays où justement, depuis l’arrivée des Chicago boys de la contre-révolution libérale dans les valises du Pinochet, l’enseignement supérieur avait été totalement privatisée. Face à des manifestations monstres de dizaines de milliers de jeunes scolarisés & précaires, deux ministres ont dû démissionner. Et le troisième, Harald Beyer, croyant calmer le jeu (de dupe), en annonçant la création d’une agence publique qui remplacerait les multinationales bancaires pour assigner les prêts et bourses aux étudiants, vient de relancer la contestation. Pour preuve, plus de cent mille jeunes manifestants dans les rues de Santiago le 25 avril dernier.
Aujourd’hui c’est dans la province francophone du Canada que ça prend une ampleur inégalée: trois mois de grève, deux cent mille personnes dans les rues de Montreal le 22 mars, et aucun essoufflement ni enlisement à l’horizon. Bien au contraire, des initiatives qui s’inspirent du mouvement Occupy étasunien, qui essaiment hors les facs, qui se réapprorie la rue & la pensée critique, tous azimuts. En écho aux pionniers du Printemps Arabe, ils ont appellé ça Printemps Erable, avec cet adage en guise de sous-titre: «Ils pourront couper les feuilles, ils n’arrêteront pas le printemps.»
Pour déjouer les négociations en trompe-l’œil, le mouvement a choisi de multiplier les initiatives, au-delà de la normalité routinière: des marches de nuit au cri de «Fuck la trève, vive la grève!» qui, déclarées illégales à partir de 22 heures, ont donné lieu à un début de répression musclée. D’autant que la police locale a déjà pas mal de bavures à se reprocher. Et que depuis une décennie, le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP), organise un cortège rituel le 15 mars pour protester contre la violence étatique et ses cow-boys en uniforme.
Certains, pour participer à ce courant d’incivilité festive, ont pris le parti de la franche dérision., en organisant un pseudo-défilé des «étudiants super-riches du Québec», le 1er avril.
D’autres, du mouvement BixiPoésie, on préféré coller des stickers pirates sur le garde-boue des vélos municipaux, en lieu et place des slogans publicitaires récemment alloués à des sponsors privés.
D’autres encore ont préféré, en ce début mai, manifester en très petite tenue, pour mettre à nu l’hypocrisie morale de leur dépouilleurs même. Extrait de la «ma-nue-festation» en vidéo ici même.
Des multiples façons de faire collectif hors des sentiers battus, on se fera une idée en compulsant cette banque d’images Quelques notes, nothing pretentious, abondante et attentive aux moindres détails. Parmi les photos en libre-partage, ces trois-là.
Pas d’angélisme non plus, la contagion subversive du mouvement finissant par inquiéter les autorités, on a vu ressortir l’arsenal habituel des tentatives de division & intimidation des fauteurs de trouble… et la sempiternelle invitation au retour à la normale, de gré ou de force.
D’abord par la dénonciation systématique du syndicat le plus combatif (et le moins corporatiste), la CLASSE, dont l’extrémisme «irresponsable» a été souligné dans les news officiels. Pour juger sur pièce, on pourra écouter le discours d’un de ses porte-paroles, Gabriel Nadeau-Dubois, sur cette vidéo qui doit beaucoup, sur le fond et la forme, aux activistes de Occupy Wall Street.
Ensuite par la surenchère répressive et le pourrissement tactique, destinés à trier le bon grain de l’ivresse anarchisante, puis à stigmatiser les actes criminels des méchants Black bloc (un jet de fumigènes dans une station de métro présenté comme un «attentat»). Ainsi, le 4 mai, lors du rassemblement à Victoriaville, où se tenait le conseil général du Parti libéral actuellement au pouvoir, la foule, déterminée à encercler le bâtiment, a connu des charges et des gazages d’une rare violence. Le nombre de blessés, manif après manif, ne cesse de s’accroitre. Et l’obligation de reprendre les cours sous la «protection» des brigades anti-émeute devient monnaie courante. Plusieurs vidéos en témoignent, militante ou aux ordres, ici et là.
Pour goûter aux débats qui font rage là-bas, on pourra se reporter sur ces blogues la swompe et Poème Sale qui tentent de «jaser» sur l’immédiate actualité et la «fêlure» qui en émerge. On ira également lorgner du côté de la Force étudiante critique et de la revue numérique Fermaille.
On pourra aussi lire la mise au point des libertaires du Carré noir.
Mais on écoutera aussi très attentivement ce texte de Marie-Christine Lemieux-Couture, scandé en plein air par Katia Gagnon au parc Émilie-Gamelin, le 25 avril 2012, durant la manifestation «Ostie de grosse manif de soir». On en goûtera la ligne de tension poétique & politique, sous-titrée pour les peu-comprenants, ici même.
«Speak rich en Tabernaque [juron manifestant la colère]
Sur toutes les chaînes de radios comme celles de la TiVi
Speak rich say Quebec Inc
Parlez-nous du bien commun vendu au moins offrant
Des trous dans les poches de la nation
Pour que vos gaz de schiste perforent notre ignorance
Speculate on our future
Donnez-nous des choniqueurs de foutaises
Des bourreux de crânes de nuages pelletés
Des démagogues de la condescendance érigée en système
Pour nous faire avaler la pilule de votre mépris
Speak rich en Tabernaque
Ne tournez pas vos langues de bois sept fois dans votre bouche
Coupez à blanc nos arbres à profits
Fianancez les multinationales à même notre trésor public
Pendant que nous peinons sous le poids de notre «juste part»
Éduquez-nous à l’investissement et à la richesse
En nous endettant jusqu’à plus soif
Pour que vos intérêts nous plient l’échine
Speak rich en Tabernaque
As if we don’t know about how you lead a finacial crisis
Dites Fitch, Moody’s, Standard & Poor’s
Pour calmer notre tension du désespoir
Faites-nous croire que nous payons la dette de notre solidarité
Quand nous écopons des frais de 25 ans de libéralisme corrompu
Speak rich
Speak rich over our dead bodies
Because nous sommes 99% à creve de faim
Pour nourrir le Chonos du capitalisme sauvage
Speak it out loud
Because nous sommes lobotomisés par vos modèles de consommation
Nous comprenons des langages simples
Comme celui de la publicité
Nous comprenons des langages vides
Commes celui de vos discours politiques
Nous comprenons
Nous comprenons un peu trop
Speak rich en Tabernaque
Give us an American dream
Pour épancher nos plaies de capital humain…
Baïllonnez nos révoltes de votyre poivre démocratique
Supprimez notre honte sous la matraque des libertés individuelles
Étouffez-nous de vos droits lacrymogènes
Déformez notre cohésion sociale
Sous l’objectif propagandiste de vos mass media
Nous parlons peu
Mais nous n’oublions pas
Speak rich en Tabernaque
From Thatcher to Reagan
In Friedman or Von Hayek’s words
Bring usto the Washington Consensus
Enlight us with the New World Order
Nous sommes faits de désordre
Et votre norme et trop petite pour nous
Speak rich
Coupez les mùamelles de l’État
Excisez le peuple sous le bistouri des sintitutions financières
Il faut régler le pas des pauvres à coup d’inflation
Align us on your axis of evil
Nous sommes dociles dans la terreur
Pris de torpeur hivernale dans vos xénophobies quotidiennes
Mais si nous nous réveillons
Si nous nous réveillons
Nous savons soulever tous les printemps du monde
Speak rich
Tell us about your «cultural revolution»
Dites-nous combien vous êtes «socialement responsables»
Que notre lexique gauche se vide de son sens
Au bénéfice de vos soliloques sourds d’idéologie dominante
Condamnez notre culture de misère à votre dédain
Parce qu’elle ne cadre pas dans votre économie du Savoir
Parce que vous craignez que la force de notre «nous»
Renverse la faiblesse de votre «je»
Quand vous vous recroquevillez sur une «majorité silencieuse»
Pour mieux nier la rumeur dont la rue est otage
Quand nos cris résonnent sur les pavés
Pour faire entendre qu’une autre voie est possible
Speak rich en Tabernaque
Commencez-vous à comprendre
Que nous ne sommes pas seuls?»
Pour mieux saisir les références cachées de ces vers libres, on reviendra à la source d’un autre poème fondateur, Speak white, de Michèle Lalonde, créé en 1970 à l’occasion de de la première Nuit de la poésie à Montréal, qui a fait l’objet en 1980 d’un montage parallèle d’images contextuelles, à ne pas manquer, c’est juste là.
Et en guise de dédicace à tous les foutus endetteurs patentés, ces deux réponses lapidaires, brandies par quelques-uns des 99% planétaires, ces insolvables précaires et fiers de l’être…
Et en avance de trois jours sur le calendrier des festivités, l’affiche qui va tout bientôt recouvrir Montréal du même programme écarlate.
Post-scriptum du 15 mai:
Tandis que, à Montréal, quatre personnes sont toujours en détention provisoire, après dénonciation, pour jet de fumigènes dans une station de métro sous le chef d’inculpation ubuesque de «incitation à craindre un acte terroriste», une banderole de soutien a été déployée au cours de la manif de soutien du 14 mai, qui vaut pour là-bas, ici & ailleurs:
«L’État brutalise, les médias terrorisent, nous sommes tous fumigènes!»
Parmi les gardés à vue préventifs du jour, la mascotte des derniers cortèges, un prof de philo déguisé en «Anarchopanda», selon son pseudo-profil sur Fakebook. Qui contrevient ainsi au récent projet municipal d’interdire aux manifestants le port d’un masque «sans motif raisonnable». Et ci-dessous le contrevenant, en liberté… surveillée.
Quant aux piquets de grève brisés par les Robocops, au Collège Lionel-Groulx comme ci-dessous, ça se passe de commentaires…
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Il y a plus d’une dizaine d’années, j’ai aperçu ce minuscule graffiti, frappé du sceau d’un tampon encreur, sur un mur de la rue Ramey, au pied de la Butte Montmartre.
Je n’en ai jamais repéré aucun autre depuis, de visu, à l’air libre. Bien sûr, j’ai suivi de près l’épopée industrieuse et foutraque du tampographeur Sardon, dont l’anti-mail art atteint des sommets de mauvais goût assumé.
J’ai plus récemment découvert les opuscules tamponnés de la main de Fabienne Yvert, dont ce petit dernier, d’un rouge intimiste et rageur, qui vient de sortir aux éditions La Ville brûle.
De mon côté, l’idée a fait son chemin, pour apporter ma modeste contribution à ce parent pauvre de l’inscription anonyme, mais pas sur papier couché, dehors, sur tous les supports susceptibles d’être tamponnés au vol. Même si, minimalisme oblige, il s’agit là d’encres murales aux limites de la visibilité, d’un modèle si réduit qu’ignorés par la plupart des passants et d’une technique d’impression si éphémère que vouée à disparaître à la première pluie. Signets insignifiants qui balisent le décor urbain sans tapage ni outrage spectaculaires, selon un genre de diableries qui préfère se nicher dans le détail justement. Face cachée du bombage extra-large.
À l’origine de cette série, une contrainte de départ et de menues variations: prendre deux proverbes distincts et en intervertir exprès une moitié de l’un avec l’autre à demi tronqué, à la façon d’un mot-valise mais avec deux bouts de phrases dans le même sac, en accolant chute et incipit à revers du bon sens commun, cul par-dessus tête. Et alors? Ça rime à quoi ce procédé? À soumettre la foutue sagesse populaire, et ses dictons, à leur propre contradict(i)on. Bref, faire faire fourcher la langue au cœur de ses réflexes conditionnés, démembres les formules toutes (sur-)faites, prêter vie à d’autres cadavres exquis. Et surtout faire mentir l’adage qui voudrait que les chiens ne fassent pas des chats en s’inventant un bestiaire chimérique, le chevauchement de quelques faux amis et même plus, si affinités maximales, une dialectique qui casse les briques.
Ci-dessous les huit premiers essais en rangs d’oignons sur la page…
et puis chaque coup de tampon en situation.
Pour revenir ici-même.
post-scriptum du 21 mai 12:
L’exception confirmant la règle, j’ai aperçu hier un joli coup de tampon face à la porte des toilettes d’un bar de la rue Madame, dans le dix-huitième arrondissement.
post-scriptum du 17 septembre 12:
Encore un coup de de tampon qui m’avait échappé, figurant dans l’incroyable archive visuelle du photographe Zerbi Hancok.
post-scriptum du 25 février 13:
En retournant fouiller dans le «photostream» de Zerbi Hancok sur flickr, cette découverte datant de l’été 2010, sur un mur de nord-est parisien.
Ainsi que, issue d’un autre site – Fragmentsdetags.net – cette curieuse série de notations express du paysage urbain, rue Gambetta, à Metz, remontant au début du même été 2010.
Post-scriptum, peu après le 1er avril 2013 :
Au détour d’une rue Bordelaise, dans le quartier Saint-Michel, rue Sauvageau très exactement, sur un poteau de stationnement, les traces encore lisibles de plusieurs coups de tampon bien arrondis à la manière d’oblitérations postales, mais sans autre date ni destination que ce laconique… minuit blanche.
Post-scriptum de fin janvier 2014 : :
Petite découverte en composant le digicode, avant d’aller bouffer chez des amis du centre-ville parisien, ce coup de tampon outrageur & très basiquement orthographié.
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8 mai 2012
[Texticules et icôneries — Lose ton self-control.]
Ne plus perdre sa life à la gagner.
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5 mai 2012
[Deuxième tour de piste —
La politique du moins pire…
sans illusion ni résignation.]
Choisir de ne pas s’abstenir…
même s’il est permis d’en douter.
Au moyen, très moyen, du suffrage
ne pouvoir s’exprimer qu’en creux,
par défaut, en détournant l’adage:
mauvaise fortune à contre-cœur.
Avant que les temps austères ne reviennent
donner envie de s’occuper de nous-mêmes…
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2 mai 2012
[Texticules et icôneries —
Des hauts & des débats.]
Ligne brisée à l’horizon.
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30 avril 2012
[Choses tues —
Légendes urbaines &
rumeurs à la chaîne
(suite sans fin).]
Des traînés blanches, suffit de lever la tête pour en voir partout dans le ciel. A priori, rien de spécial à signaler, chaque avion qui passe laisse sa trace derrière, pareil que les pots d’échappement des bagnoles en hiver, et comme là-haut ça gèle en toutes saisons, la vapeur d’eau, à peine sortie des réacteurs elle cristallise illico, alors ça fait plein de guirlandes de Noël, pas de quoi chercher midi à quatorze heures, des sillons de condensation ça s’appelle, contails en anglais, sauf que normalement le panache se dissipe en moins de vingt secondes dans l’atmosphère, tandis que là, si on regarde bien, très tôt le matin ou à la tombée de la nuit, y’a des lignes blanches qui durent très longtemps à l’œil nu, et plus ça s’étire en longueur, plus ça s’épaissit sur les bords, on dirait des nuages mais avec des figures qui n’existent pas au naturel, ni moutons cumulus ni mousseline stratus, des halos blancs en forme de chenille, d’éventail ou de sapin, avec des retombées dégueulasses dans l’air qu’on respire, mais l’air de rien justement. Des chemtrails ça s’appelle, parce que ça vient de chemical en anglais, pas besoin de vous faire un dessin, autrement dit des particules toxiques, et parmi elles un tas de virus bactériens, de sels minéraux et de champignons noirs qui bousillent la faune et la flore, et l’espèce humaine pire encore. D’après pas mal d’observateurs, les traînées suspectes, elles ont beaucoup augmenté depuis les années 90, et pas seulement à cause de la hausse du trafic aérien ou de la pollution urbaine, non, les zincs low-cost et le smog carbonique, ça n’explique pas tout, loin de là, faut pas croire. Derrière ces drôles de brumes persistantes, y’a d’autres raisons qui s’ignorent, et aussi des avions sans passager ni aucune ligne touristique, à très haute altitude, plus de dix mille mètres, pour échapper aux radars, qui font exprès de lâcher plein gaz un paquet de saloperies, des barils de barium aux quatre vents, et tant pis si ça nous retombe sur la gueule. D’accord, y’a certaines rumeurs sur le Net qui tiennent pas debout, comme le plan top-secret du Parti Démocrate, dès 1965, pour réduire la surpopulation au minimum viable, 400 millions d’habitants et le reste de vie à trépas, au sanatorium, en vaporisant des substances épidémiques avec des sulfateuses sous les ailes des bombardiers US Army, et vingt ans plus tard, comme par hasard, le VIH en Afrique, de nouvelles souches de grippe aviaire et une stérilité galopante sur le vieux continent. Sauf que attention, avec les thèses du complot, on doit se méfier d’où ça sort ou à qui ça profite, et là, c’est carrément un délire genre Klu Klux Klan qui fait endosser à la gauche humanitaire ses propres fantasmes eugénistes : diviser par dix le nombre d’étrangers sur terre. Et puis, avec Obama qui tirerait les ficelles, leur parano génocidaire, ça joue sur trop de tableaux à la fois, on dirait un ballon d’essai pour brouiller les pistes. N’empêche y’a pas de fumée sans feu, et l’épandage à grande échelle, les mecs du Pentagone, depuis les défoliants pendant la guerre du Vietnam jusqu’aux herbicides sur les champs de coca en Colombie, on sait qu’ils ont l’habitude, et des techniques très au point pour sulfater tous azimuts, même si ça dit pas dans quel but, à part nous empoisonner, mais on déjà compris que c’était pas très crédible, comme accusation, surtout que ces poussières-là, une fois qu’on les a balancées, nul ne peut plus deviner ni choisir qui sera touché, ni ceux qu’on voudrait épargner. Du coup, ça serait vraiment se chier dessus à l’aveuglette. En fait, la cause dont personne n’ose causer, c’est l’effet de serre, et d’ailleurs ça part plutôt d’une bonne intention, parce que le président Johnson, au milieu des années 60, des experts géologues l’ont prévenu du problème bien avant que les opinions publiques soient au parfum, le péril du réchauffement climatique, pas le trou dans la couche d’ozone, non juste le syndrome caniculaire, la fournaise qui se rapproche à la vitesse d a lumière. Alors, pour éviter la panique, il n’a rien laisser filtrer sur ce sujet et comme c’était hors de question d’emmerder les industriels avec la baisse du CO2, il a opté pour une solution révolutionnaire, suffisait d’y penser, un vrai conte SF pour enfant, le marchand de sable qui jette sa poudre aux yeux dans les nuées pour réfléchir les rayons solaires, histoire d’empêcher l’astre infernal de nous cramer à petit feu, sauf qu’aujourd’hui, avec ces pluies acides, faut se rendre à l’évidence, le remède s’avère pire que le mal, bouffer du pesticide pour pas attraper le choléra, merci bien, on aurait pu arrêter les frais, mais nos foutus stratèges météo, plutôt que d’avouer leur erreur, mea culpa et puis basta, ils continuent de nous enfumer à haute dose, incapables de se déjuger, comme quoi ça sert à rien de vouloir gagner du temps, à force de prévenir l’apocalypse annoncée on finit par en précipiter une autre.
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