9 septembre 2010
[Prédilections — Yüksel Arslan, peintre textuel.]

En mai 1982, Le Fou parle arborait en couverture deux tableaux de l’artiste d’origine turque Yüksel Arslan: paysage ithyphallique et fête dionysiaque.

Vingt ans plus tard, en me liant d’amitié avec Jacques Vallet, le fondateur de cette très insolite revue, j’ai appris à mieux connaître l’œuvre d’Arslan : illustration classificatoire, comme sur des planches d’anatomie, jusqu’à épuisement du sujet par coupes successives. D’où l’impression de parcourir devant ses peintures l’imagier à la fois naïf et encyclopédique d’un autodidacte aux curiosités sans limite – qu’il baptise ses «influences». À chaque période thématique correspond une recherche préparatoire, d’intenses plages de lecture qui vont sédimenter la toile… par association d’idées.

Mise à nu des corps, mise à plat des concepts. Entreprise pluri-maniaque dont la folle ambition, l’obsédant système, pourrait ressembler à de l’Art Brut, si elle n’était pas justement centrée sur l’histoire de la folie humaine, sur les rapports intimes, c’est-à-dire sanguins, nerveux, organiques, de toute création avec le désordre psychique… Et dire qu’il aura fallu cinquante ans à l’exilé volontaire Arslan – invité à Paris par André Breton en1959 et demeuré sur place –, pour qu’Istanbul lui offre une immense rétrospective durant l’hiver 2010. En attendant qu’une semblable exposition puisse exister en France, quelques reproductions miniatures et quelques textes de Jacques Vallet à propos de ce univers pictural &mental, le tout sur une page spécialement archyvée ici même.

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