19 septembre 2017
[Pseudo-dico, idiot & logique
Extraits d’un livre en cours.]

Parmi d’autres textes courts en chantier, il y a ce petit opuscule : Pseudo Dico, idiot & logique, qui s’épaissit peu à peu, sans urgence ni échéance aucune.

Dans sa «pseudo-intro», j’ai essayé de revenir sur le «Comment du pourquoi » de ce projet qui hésite entre le goût du fautif et la faute de goût.

« […] Seul défi minimal, commenter chaque mot par association d’idées, esprit de conflagration, étymologie intuitive, amalgame accidentel, contresens inopiné, déduction analogique, méprise significative, sinon par défaut mineur ou faute d’étourderie. Et surtout, lâcher la bride, perdre contrôle, laisser sortir les bouts d’énoncé à l’oreille, faire confiance aux courts-circuits intérieurs, aux paradoxes venus d’ailleurs. Projet impur et simple, trivial et mégalo. D’où son sous-titre – idiot & logique – qui me revient de loin, l’éternel adolescent jamais lassé de singer les sapiences de l’homo academicus, avec force grimaces et effets de manches. […]
Tant qu’à se moquer du monde, attention à ne pas renier le bouffon en soi, faute de quoi la satire tourne vite au concours d’aphorismes édifiants. Et je n’ai pas le surplomb du moraliste de l’âge classique ou des récents adorateurs de feu Debord. Aucune envie de redresser les torts, de m’arbitrer donneur de leçons – ni même d’anti-leçons.
Le travail de subversion se situe ailleurs. Il suffit de jouer sur tous les malentendus, trahisons, décalages entre le mot et la chose, le vocable fossilisé et son référent d’origine, le moule du signifiant et sa réalité contrefaite. C’est mon principe de base: mettre en relief des hiatus poétiques. J’ai dû croiser cette drôle d’intuition entre 15 et 16 ans, à force de dévorer du Nietzsche en n’y comprenant qu’une ligne sur trois, puis en laissant décanter ma lecture d’alors. Et j’y suis encore fidèle, à ma façon bâtarde. Une fois détrôné le surmoi littéraire, tout redevient permis: métaphores bancales, alexandrins boiteux, citation détournée, faux amis volontaires, coq-à-l’âne ou amalgame abusifs. Ça passe ou ça lasse, peu importe.
Bien sûr, j’aurais pu faire le tri au départ, chasser la blague facile, neutraliser le calembour dérisoire, ne garder que le meilleur du début à la fin. Mais quand on vide son sac de vocabulaire, il vous passe de drôles de couacs par les méninges, et c’est souvent d’assez mauvais goût, entre autres foutaises et débilités. J’aurais pu me cacher derrière mon petit doigt d’auteur, mais l’idiotie a sa logique implacable.»

Pour se faire une idée du glossaire en question,
un bref aperçu de leurs entrées alphabétiques
avec ou sans issues d’aucun secours.

BÉNÉVOLAT : labeur sans le beurre.

BURN OUT : haut & bas latin, tripalium ou trip valium.

CHIRURGIE ESTHÉTIQUE : tout faux shop.

CLITORIS: la pulpe et le zest.

DÉMAGOGUE : qui me prend pour un « on ».

ÉGOÏSME : plus mesquin dénominateur commun..

GLANDER : unisex., se tripoter la glande pinéale (voir Grosso mollo & Flemme hard).

GUEULE DE BOIS : toupie or not toupie.

IMMOLATION : charbon de soi.

INSOMNIE : éclipse de sommeil.

LEADER D’OPINION : impérativ., connais-toi moi-même.

MARTYR : sujet/objet d’une pulsion morti-fière.

NÉO-COLONIALISME : de pire empire.

OUBLIER: perdre date.

OTTOMANIE : s’entêter à prendre « les Turcs » pour tête de Turc.

RÉCIDIVISTE : receleur de torts

REGRET: passe-temps pour mort-vivants

RESCAPÉ : dernière personne du pluriel.

RHÉTORIQUE : néant plus néanmoins.

STABULATION BOVINE : cow-working.

SUICIDE: de vie à très pas.

VIEILLESSE : retour de flemme

Pour aller feuilleter le livre in extenso, c’est ici même.

Pour faire circuler ce texte, le lien est ici même