7 décembre 2020
[Pseudo-Dico, idiot & logique
Extraits d’un abécédaire en cours.]

Parmi d’autres chantiers textuels, il y a cet opuscule : Pseudo-Dico, idiot & logique, qui s’épaissit au fur à mesure, sans régularité ni but précis à part me sortir de la tête cette manie puérile, jamais délaissée : mettre chaque mot en porte-à-faux, le faire dévier de sa définition routinière pour le trahir au pied de la lettre ou l’exposer à ses dépens cul par-dessus tête.

Dans une «pseudo-intro», j’ébauche le «Comment du pourquoi » de ce projet qui hésite entre goût du fautif et faute de goût.

« […] Seul défi minimal, commenter chaque mot par association d’idées, esprit de conflagration, étymologie intuitive, amalgame accidentel, contresens inopiné, déduction analogique, méprise significative, sinon par défaut mineur ou faute d’étourderie. Et surtout, lâcher la bride, perdre contrôle, laisser sortir les bouts d’énoncé à l’oreille, faire confiance aux courts-circuits intérieurs, aux paradoxes venus d’ailleurs. Projet impur et simple, trivial et mégalo. D’où son sous-titre – idiot & logique – qui me revient de loin, l’éternel adolescent jamais lassé de singer les sapiences de l’homo academicus, avec force grimaces et effets de manches. […]
Mon principe de base: mettre en relief des hiatus poétiques. J’ai dû croiser cette drôle d’intuition entre 15 et 16 ans, à force de dévorer du Nietzsche en n’y comprenant qu’une ligne sur trois, puis en laissant décanter ma lecture d’alors. Et j’y suis encore fidèle, à ma façon bâtarde. Une fois détrôné le surmoi littéraire, tout redevient permis: métaphores bancales, alexandrins boiteux, citation détournée, faux amis volontaires, coq-à-l’âne ou amalgame abusifs. Ça passe ou ça lasse, peu importe.
Bien sûr,  j’aurais pu faire le tri au départ, chasser la blague facile, neutraliser le calembour dérisoire, ne garder que le meilleur du début à la fin. Mais quand on vide son sac de vocabulaire, il vous passe de drôles de couacs par les méninges, et c’est souvent d’assez mauvais goût, entre autres foutaises et débilités. J’aurais pu me cacher derrière mon petit doigt d’auteur, mais l’idiotie a sa logique implacable.»

On pourra feuilleter le glossaire entier, c’est ici même.
Sinon, pour se faire une vague idée de ces words in regress,
un bref aperçu de leur définition alternative ci-dessous.

Anthropocène : vieux mille un, ô décès de l’espèce.

Blanc (bulletin) : tout sauf neutre.

CDI : période indéterminée, plus ou moins comprise entre CDD et DCD.

Démiurge : drone narratif.

Épiphanie : éclairante tache aveugle.

Faustoyer : s’endiabler corps et âme.

Grenade lacrymogène : larmes de dispersion massive.

Humour involontaire : esprit de sérieux.

Interfractionnel : minorités abolissant leur division pour conjurer leurs qualités négligées.

Judas : ni saint ni sauf.

Littérature : exofiction de soi (Cf. «L’autre est un je parmi tant d’autres.», Communard anonyme, 1871).

Messie : mais non (voir Godot & Goddam).

Noces (injustes) : nue-propriété de la promise par le futur bailleur de sperme et usufruit éducationnel des sous-locataires utérins par le sus-nommé chef de famille.

Orgasme : illusion cosmique.

Poulpeuse : érotiq., femme au déhanchement si ample que, pour l’enlacer, huit bras n’y suffirait pas.

Révolution : quand une flopée de souris accouchent d’une montagne.

Sirène : mi naïade mi noyade.

Transexuel.le : ni purement Adam ni simplement Ève (antonym., singe nombriliste).

Vieillissement : art d’accommoder ce qui reste.

Zélateur : l’être de motivation (voir Non-gréviste & Lèche-bottes).

Pour faire circuler ce texte, le lien est ici même