On aurait pu imaginer un focus sur le racisme anti-noir de la police états-unienne, ce serait prendre parti. Non, il s’agit d’un différend «racial» en général. On aurait pu imaginer un angle plus subtil sur la fracture entre la haute bourgeoisie noire (incarnée par l’actuel président) et les oubliés des ghettos, mais ce serait alors insinuer une fracture sociopolitique, et ça c’est trop complexe et clivant, le «racial» c’est flou, mais ça fédère l’imaginaire du lecteur franco-français. D’ailleurs pour le choix des photos, c’est pareil. Une révolte raciale, c’est des jeunes blacks encagoulés qui détruisent tout sur leur passage (en l’occurrence une voiture de police qui stationnait dans les parage et qui a servi de très naturel exutoire à la fureur collective). Mais vu de loin, sans autre légende explicative, c’est fait pour ressembler à un affrontement entre des gangs de drug dealers avec des flics qui font ce qu’il peuvent pour ramener le calme. En page intérieur de Libé, ça donne ce très chic & choc tableau vivant en scope (avec un spectaculaire tatoué à la Mapplethorpe qui structure l’ensemble comme une icône gay hors sol).
Trêve de myopie sélective, il suffira d’une minute à n’importe quel internaute pour découvrir l’envers du décor : des manifestations massives de jeunes é plus vieux de toutes couleurs & origines, avec des pancartes aux mots d’ordre anti-flics & anti-racistes, associés à une critique de la ségrégation sociale. Rien d’étonnant à cela puisque cette ancienne ville industrielle a été à la pointe de la lutte pour les Droits civiques, de la contestation étudiante puis du mouvement des Blacks Panthers surant les sixties & seventies. Pour preuve, ce lot d’images empruntées, entre autres, au facebook de OccupyBaltimore.
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