6 octobre 2010
[Lexicomanie — Silence & mots d’esprit.]

Qu’au cours d’un repas, les convives se taisent d’un seul bloc au même moment, puis que ce blanc au milieu du blabla ambiant s’éternise cinq dix vingt secondes de trop, alors, pour conjurer ce silence unanime, il n’y a plus qu’un recours, la formule magique. En français, il suffit d’un murmure d’étonnement : «Un ange passe…» En Espagne ou en Allemagne, on évoque à voix basse la présence du même esprit invisible : «Ha pasado un ángel»  ou «Es geht». Au Brésil, on prête un nom à ce temps mort : «Morreu um papa» [un pape vient de mourir]. En Russie – tsariste ou soviétique, ou un peu des deux à la fois comme aujourd’hui –, ne reste que la politesse du désespoir : «Mient rodilci» [un flic vient de naître].

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