6 juin 2009
[Antidote au pessimisme ambiant — Petit bassin, grand dessein.]

Un asiatique arpente méthodiquement le petit bain d’une piscine, à marche forcé. Il a de l’eau jusqu’à mi-cuisses et, sans se tremper le maillot, effectue ses tours du bassin au milieu de la cohue des bébés nageurs, canards pneumatiques, planches, ballons, brassards flotteurs. Torse absolument sec, imberbe, bras balancés selon un rythme alterné, visage épanoui par l’effort régulier. Deux trois, puis bientôt dix douze gamins lui filent le train, imitant ses airs de marathonien subaquatique. Une heure plus tard, il mène encore sa danse circulaire, une même guirlande enfantine dans son sillage. Zombie zen qui fait le tour du monde dans sa pataugeoire. Que ses suiveurs en bas âge le moquent, caricaturent sa démarche, n’a pas l’air de l’assombrir, bien au contraire. Il se sait clownesque à leurs yeux, sans chercher pour autant à les détromper. Tout le sérieux de sa discipline est affaire intérieure. Il ne se donne pas en spectacle. Il mène double jeu, avec une indifférence amusée. Tête haute à marée basse.

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