4 mars 2013 [Le Street Art dans tous ses états —
Quelques papiers encollés à tous vents,
en attendant le retour du printemps.]
Il y a plus plus de quarante ans – bombes aérosols & marqueurs indélébiles – ont fait irruption dans la rue, entre graffiti politiques ou poétiques, pochoirs, stencils, graff XXL & tag. Parallèlement, d’autres expressions murales ont pris leur essor, tout ce qui se colle à la sauvette, du sticker au blaze sur étiquette, de l’affiche sauvage au paste up arty. En ces matières, on doit beaucoup au sérigraphiste Ernest Pignon Ernest, qui désertant l’entre-soi des galeries (avec un désintéressement plus durable que son ex-complice Ben), n’a cessé de disséminer depuis le début des années 70 ses silhouettes grandeur nature, jouant sur tous leurs effets de réalité, en portraiturant à échelle humaine des illustres & des inconnus sur le décrépi des murs du Marais ou de Naples, en les miroitant sur les vitres des cabines téléphoniques ou en confrontant la monumentalité kitsch du Sacré-Cœur aux innombrables victimes de la Commune, pour son centième anniversaire, en 1971.
Mais la gentrification parisienne continue son travail de sape, faisant partout place net, hors quelques lieux autorisés pour les vandalistes officiels, sur ces murs aveugles où ils surenchérissent en mégalomanie underground. Partout ailleurs, la Mairie paye des rescenceurs (& censeurs) scripturaux pour géolocaliser, via leur smartphone, les «dépradations» dénoncées par des riverains ou dépistées aux alentours. En voilà un, de dos, qui vient de photographier le bombage suspect, avant de l’affubler d’une discrète croix qui servira de repère aux effaceurs d’une officine privés (Urbaine de Travaux, du groupe Fayat, jusqu’à fin 2011, remplacée par un concurrent plus efficace, le rois de «l’aérogomme», depuis l’été 2012).
En ce qui concerne les encollages d’un support papier, pas de sous-traitance privée, ça coûterait visiblement trop cher, alors ce sont des agents de la Propreté de Paris qui s’activent, comme ici, à l’aide d’un simple grattoir téléscopique. Et qui mettent en lambeaux des motifs qui, avouent-ils hors micro, leur plaisent plutôt. Lumbago assuré en fin de journée, avant que d’autres visiteurs nocturnes ne viennent en remettre une couche.
Le mythe de Sysiphe, version iconographique.
Manque de moyen ou retard technologique, peu importe, mais le résultat est là : c’est sans doute du côté des papiers collés et autres paste up en tous genres que l’inventivité gagne du terrain et échappe parfois au diktat du nettoyage par le vide. Même si parmi les photos ci-dessous, glanés sur le Web ou prises au gré de mes vadrouilles en scooter, portent témoignage de paperoles si éphémères qu’elles ont déjà disparus de la circulation.
Pour voir le diaporama complet,
on ira lorgner ici ou là.
4 mars 2013
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