30 janvier 1992
[Journal de bord — Extraits.]

Envie latente de partir sur une autre piste : écrire, très en pagaille-détail, à partir d’une nuit blanche. Chaos de conversations, vols, rixes, acteurs ivres massacrant par cœur des grands classiques. Débauche verbale. En fait, cela fait des années que ça me démange de tout faire converger là tout un opéra : sur le zinc. Sitôt pris au cœur d’une beuverie, j’ai toujours l’impression que je suis capable d’en venir à bout, de ce désir de transposition. Bourré et porté par le flot des paroles, je crois avoir tout capté de cette dérive. Mais dès le lendemain, ça s’estompe, le sentiment subtil de la durée qui doit tramer l’écriture, c’est déjà du mesquin petit souvenir, mis bout à bout. Impossible de retrouver l’élan de la veille, tout s’est déjà éventé. Reste que cette vieille utopie romanesque, faudra bien que je lui fasse un sort. Surtout, ne pas laisser tomber les idées qui vous remontent régulièrement à la surface, sinon on fait des pleins et des déliés autour du vide. Et on gobe n’importe quelle fausse bonne idée dans l’air du temps.

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