29 juin 2010
[Commémoration à reculons — D’un Debord l’autre.]

Il y a tout juste un an, la Bibliothèque Nationale organisait un dîner de gala, à 600 euros le couvert, pour rembourser les frais d’acquisition des manuscrits de feu Guy Debord. S’y pressait le Tout-Paris de n’importe quel défilé de Haute-Couture : pontifs demi-mondains de l’ex-gauche caviar & zazous faisandés de la droite néo-hussarde, parmi un vaste échantillon de  jeunes écervelées à particule. Comme si le situ suscité ne pouvait décidément plus échapper aux caricatures posthumes de sa théorie, ici réduite à sa plus simpliste expression : cette risible photo de famille de la « société spectaculaire intégrée ».

Et pourtant, ni regrets amers ni larmes de crocodile, tant pis si ces festivités patrimoniales font se retourner dans sa tombe le mort en question, il l’a bien cherché – lui qui n’en finissait plus de rédiger son propre «panégyrique» depuis les années 90. Ironie du sort, ses plus zélés disciples d’aujourd’hui semblent n’avoir retenu de l’aventure collective situationniste – dont, rappelons-le, Guy D. n’incarnait qu’une facette parmi d’autres – que le soleil noir d’un catastrophisme tous azimuts, ou pire encore l’élitisme artisto d’un surplomb moralisateur.
On a les Judas qu’on mérite… mais comme, parmi eux, il paraît que le vulgarisateur Philippe Murray se distingue – avec le profil néo-réac de l’emploi médiatique –, faudrait faire gaffe à ne pas confondre pensée critique et ressentiment compulsif, bref se méfier plus que jamais des contre-façons culturelles…

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