28 août 2010
[Portraits crachés — Suite sans fin.]

Suite aux expatriations successives de ses père & mère – tôt divorcés et chacun chacune remariés aux antipodes l’un de l’autre –, Alexis s’est retrouvé quadrilingue au sortir de la maternelle. Depuis lors, il rêvasse, bouquine et cause alternativement en français, brésilien, flamand et russe, selon une gymnastique mentale du plus grand naturel. À ceci près, que dans aucune de ses quatre langues, il n’est arrivé à abolir un reste d’accent parasite, jamais le même d’ailleurs. En français, il nasille un arrière-goût de brésilien ; en portugais d’Amazonie, il a des relents moscovites ; en flamand, il dérape francophone ; en russe, lui reviennent des bribes de néerlandais. Quant à l’américain de base, négligé en famille puis pendant ses études, il ne l’a appris que sur le tard, de la bouche de sa compagne jamaïcaine, entre pigeon english et tournures rasta. Il lui aura donc fallu presque trente ans pour brouiller définitivement les pistes, créoliser toutes ses origines et parvenir à ce prodige idiomatique : étranger de naissance.

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