27 avril 2010
[Aucun détour ne ment — Machine à cacher.]

Ce visuel fait partie d’une campagne promotionnelle pour un site payant de recherche d’emploi à Hambourg (www.jobintown.de). Et la vraie phrase écrite en bas de l’affiche, ça donne en français :
LA VIE EST TROP COURTE POUR AVOIR LE MAUVAIS JOB !
De cette pub à l’humour aigre-doux, on retiendra tout l’art de ménager chèvre & chou, mouton noir & côtelettes d’agneau, dénonciation & résignation. Du cynisme comme ressort à double détente. Récupérant un fond d’esprit critique, on en emprunte l’apparence formelle – ce montage visuel semblant pointer un doigt vengeur sur les coulisses du labeur précaire – pour mieux en désarmer les objections et redorer le blason des nouveaux dealers de main d’œuvre qui, en Allemagne comme partout, profitent de la privatisation rampante des ex-ANPE. Une seule posologie en deux temps forts : d’abord défouler la colère, puis faire avaler la pilule amère. Nouvelles méthodes, mais vieilles recettes publicitaires. Détourner l’attention, c’est ça le truc, comme aurait dit Gérard Majax, magicien officiel du petit écran durant les années 70, bien avant son «fils de pub» Jacques Ségala, expert en d’autres manipulations.

Mais justement, chacun son tour… de prestidigitation. Et Photoshop aidant, il suffit de changer la légende pour remettre le réel à l’endroit. Du coup, cette image trafiquée pourrait encore se sous-titrer de bien des manières :
INTERIM, CACHE-TOI ET TRIME
MACHINE A CAFTER, RIEN A DECLARER
DE L’AUTRE COTE DU TRIMOIR
DERRIERE LES BIFFETONS, SERRE LES BOULONS
ÉTHIQUE MITOYENNE, CHACUN LA SIENNE
Ce n’est pas les slogans qui manquent, surtout quand on a rien à vendre… que sa force de travail.

À ce même propos, dans l’immédiate actualité, la grève des chômeurs, qui commence le lundi 3 mai – à Paris, rendez-vous place la république, vers 11 heures du matin, mais aussi à Rennes, Brest, Nantes, et pour fini en beauté à Montreuil, métro Croix de Chavaux, rue piétonne, tout la semaine prochaine, jusqu’au « bal des chômeurs heureux… de se mettre en grève », dimanche 9 mai — et dont l’annonce intempestive a déjà provoqué un joli bordel en direct, sur France 2, mercredi dernier, sur la plateau de « L’objet du scandale » (sic), vers 22h45. Quelques minutes de piraterie verbale, à se repasser en boucle, ici même.

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