22 mai 2020
[Pseudo-Dico, idiot & logique –
Extraits d’un abécédaire en cours.]

Parmi d’autres chantiers textuels, il y a ce petit opuscule : Pseudo-Dico, idiot & logique, qui s’épaissit au fur à mesure, sans régularité ni but précis, juste me sortir de la tête cette manie précoce : mettre chaque mot en porte-à-faux, le faire dévier de sa définition routinière pour le trahir au pied de la lettre ou l’exposer à ses dépens cul par-dessus tête.

Dans sa «pseudo-intro», j’ai essayé de revenir sur le «Comment du pourquoi » de ce projet qui hésite entre le goût du fautif et la faute de goût.

« […] Seul défi minimal, commenter chaque mot par association d’idées, esprit de conflagration, étymologie intuitive, amalgame accidentel, contresens inopiné, déduction analogique, méprise significative, sinon par défaut mineur ou faute d’étourderie. Et surtout, lâcher la bride, perdre contrôle, laisser sortir les bouts d’énoncé à l’oreille, faire confiance aux courts-circuits intérieurs, aux paradoxes venus d’ailleurs. Projet impur et simple, trivial et mégalo. D’où son sous-titre – idiot & logique – qui me revient de loin, l’éternel adolescent jamais lassé de singer les sapiences de l’homo academicus, avec force grimaces et effets de manches. […]
Mon principe de base: mettre en relief des hiatus poétiques. J’ai dû croiser cette drôle d’intuition entre 15 et 16 ans, à force de dévorer du Nietzsche en n’y comprenant qu’une ligne sur trois, puis en laissant décanter ma lecture d’alors. Et j’y suis encore fidèle, à ma façon bâtarde. Une fois détrôné le surmoi littéraire, tout redevient permis: métaphores bancales, alexandrins boiteux, citation détournée, faux amis volontaires, coq-à-l’âne ou amalgame abusifs. Ça passe ou ça lasse, peu importe.
Bien sûr,  j’aurais pu faire le tri au départ, chasser la blague facile, neutraliser le calembour dérisoire, ne garder que le meilleur du début à la fin. Mais quand on vide son sac de vocabulaire, il vous passe de drôles de couacs par les méninges, et c’est souvent d’assez mauvais goût, entre autres foutaises et débilités. J’aurais pu me cacher derrière mon petit doigt d’auteur, mais l’idiotie a sa logique implacable.»

On pourra feuilleter le glossaire entier, c’est ici même.
Sinon, pour se faire une vague idée de ces words in regress,
un bref aperçu de leur définition alternative ci-dessous.

APOCALYPSE : franglish., happy end for happy few.

BANQUEROUTE : ce qu’il en coûte à spéculer sur la croissance

éternelle (voir Pari stupide & Crise d’obsolescence).

COACH : happy-culteur (voir Rush & ruche).

DYSTOUPIE : ce qui ne tourne pas rond chez soi.

ÉDITEUR : agent de texture (voir Additif & Excipient).

FRENCH KISS : anatomiq., bi-langue.

GASTRONOMIE : astronomie viscérale (voir Voie Lactée & Intestins
Graal).

HOLD-UP : franglish, retour à la caisse départ.

IMPUISSANCE MASCULINE : bas-latin, coïto ego scum.

JUDAS : ni saint ni sauf.

KAMA SUTRA : littérature à massages.

LIVREUR À DOMICILE : porteur saint du consumérisme pathologique.

MANNEQUIN.E : porte-manteau à visage humain.

NÉO-COLONIALISME : de pire Empire.

OUBLIER : perdre date.

PERSONNE : qui est présentement vivant (ou en son absence même).

QUARANTAINE : psycho. maritime, sas d’isolement sanitaire avant la cinquantaine.

RÉGRESSION INFANTILE : conte à rebours.

S.O. : acronyme, selon le contexte, Service d’Ordre ou Sans Opinion.

THRAPIE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE : canalysation du
flux de conscience.

VEGAN : espèce d’anti-spéciste.

W.-C. : fosse d’aisance où dévider en toute discrétion son Witæ
Curriculum.

ZEUGMA : esprit de synthèse, de famille, d’escalier et d’autres circonstances dépareillées.

Pour faire circuler ce texte, le lien est ici même