2 juin 2015
[L’escroquerie à l’endettement
spams & mirage du prêt étudiant.]

D’ordinaire remplie d’arnaques pyramidales sous pseudo, chaînes de la bonne (in)fortune ou ventes de viagra XXL, ma boîte mail croule depuis un mois sous les spams proposant un douteux crédit revolving pour pigeons estudiantins endettés jusqu’au cou… enfin, jusqu’au coup de bluff spéculatif suivant. Pour preuve, le tas de courriers indésirables ci-dessous.

Histoire de brouiller les pistes,  ces spams démultiplient  leur «objet» sous de subtiles variantes : Are You Struggling with StudentLoanDebt?, Are You Unable to Pay Your StudentLoans?, Can You Reduce StudentLoans?, Find out How You Can Reduce your StudentLoan Payments, Get Help with StudentLoans Now…Dans un but unique, trouver les naïfs qui contacteront ce numéro de téléphone miracle pour leur offrir un crédit revolving étalé dans le temps et renouvelable, bref une vraie-fausse solution à taux usuraire. Mais comment se plaindre de cette escroquerie en bout de chaîne, puisqu’elle n’est que l’aboutissement logique d’un principe initial : l’endettement forcé qui ont ont déjà pris en traitre des millions de jeunes adultes scolarisés sur l’ensemble du continent américain (du Chili au Canada). Quelques éléments comptables pour prendre la mesure du problème : aux États-Unis, ils sont aujourd’hui 40 millions à avoir souscrit un prêt étudiant qui s’élève à 30 000 dollars en moyenne.

Et comme, depuis un quart de siècle, les frais de scolarité y ont augmenté de 440% (sur le dos des contractants), la bulle spéculative du crédit étudiant made in USA atteint les 1160 milliards de dollars. D’où les faillites personnelles en masse pour ceux qui osent rater leurs examens, changer de filière ou ne pas bosser 365 jours par an le reste de leur vie, insolvabilité qui se cumule avec le poids de l’endettement lié aux frais de santé.

À l’heure où les commissaires du Marché européen tentent d’imposer aux retraités grecs, ces insolvables dépensiers, le passage du minimum vieillesse à 320 euros, sous le seuil de pauvreté donc, on comprend que, que d’un bout à l’autre de la planète, le régime de la dette nous conditionne… de vie à trépas, de la fac à la maison de retraite, et bientôt de la GPA aux soins palliatifs. La faute à qui quoi qu’est-ce ? à notre faute initiale justement, ce «péché originel» qui nous rend débiteur de naissance : depuis que Adam & Eve, selon le credo de trois religions monothéistes, ont commis un célèbre acte de grivèlerie en négligeant qu’après avoir bien profité de l’abondance du jardin d’Eden, il fallait passer à la caisse, comme dans n’importe quel supermarché. D’où la punition de la morale économique obligatoire: soyez insatisfaits et remboursez.

Alors ? Quelle parade à ce système fatalitaire ? une cessation collective de paiement. Certains étudiants états-uniens ont commencé à y penser, dès 2012, avec le mouvement Strike Debt.
Ce n’est qu’un débit, continuons à ne pas…!
Faillis de tous les pays, faisons banqueroute !

Post-scriptum :
Sur ce même sujet, ici à peine ébauché, on pourra en savoir beaucoup plus en lisant : Gouverner par la dette de Maurizio Lazzarato, éditions des Prairies ordinaires ain si que certains extraits ici même.

Pour faire circuler ce texte, le lien est ici même