17 août 2015
[Petit aparté en mémoire de

Solveig Anspach (1960-2015)]

Solveig, on s’est rencontrés il y a un peu plus de vingt-cinq ans, perdus de vue, recroisés, et puis de mieux en mieux connus nous retrouvant voisins à Montreuil, avant de devenir ami adoptif de ta fraternelle tribu et même figurant dans un de tes films.
Et maintenant, ce foutu cancer récidiviste – qui vient de t’emporter –devrait nous obliger à parler de toi à l’imparfait, mais c’est au présent que tu vas nous manquer. Au présent du performatif (ton mode préféré) : fais ce qui te parle…et inversement.

Juste un souvenir qui m’a traversé l’esprit pendant tes obsèques. Il y a trois ans, tu m’avais parlé de ton désir de réactualiser au cinéma le personnage de Fifi Brindacier (la fameuse Pippi Langstrump
suédoise). Ce désir enfantin – parmi tant d’autres projets qui te faisaient tenir debout malgré l’avancée du crabe en toi –, n’a pas abouti. Dommage, ça te ressemblait tellement, cette rouquine à l’insolence inventive. Tu avais l’art de faire naître les mêmes compagnonnages foutraques, les mêmes excentricités bienveillantes, les mêmes astuces chimériques, pour échapper aux normes établies, aux œillères de nos propres préjugés et sales ressentiments. En quête de ce qui surprend chez chacun, et pas du mauvais fond de la bassesse trop humaine. Tu étais beaucoup de «je» à la fois et  toujours autre parmi les autres. Tu étais si nombreuse… Et depuis quelques jours, sans toi, ça nous rend seul(s).

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