13 octobre 2010
[Portraits crachés — Suite sans fin.]

Aux dires de son père, Victor est allergique à toute sorte de choses concrètes – au lait de vache, aux pâtes cuites, à la peau des pèches, au concombre en salade, aux poils du chat, à la fumée de cigarette, au beurre pas salé, à la poussière dans la moquette, aux montures de lunettes –, sauf que sa mère, elle, a recensé d’autres motifs d’allergie chez Victor, plus malaisés à définir et moins faciles à éviter : les flamands roses dans les zoo, le numéro des clowns au cirque, les mois d’octobre-novembre chaque automne, les baisers entre adultes au cinéma, l’heure fixe des repas familiaux, le ballon dans les sports collectifs, la station assise sans se balancer à l’école, les nuits de plus de cinq heures d’affilée, l’idée même de croiser un miroir, les sales cons de sa classe d’âge, les cours de dessin chez le psychiatre, le service des urgences dès qu’il simule une crise d’asthme et très bientôt l’internant spécialisé pour mettre ses deux parents d’accord, enfin presque, puisqu’ils ont déjà bien avancé dans leur procédure de divorce.

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