25 octobre 2012
[In memoriam, pour le sans-logis Florian,
mort dans la nuit du 24 au 25 septembre 2012.]

Il y a tout juste un mois, Florian, un sans-abri d’origine roumaine qui avait depuis plus d’un an élu domicile dans un recoin jouxtant le centre des Impôts de la rue Michel le Comte, est décédé d’un brutal arrêt cardiaque, à l’âge de 36 ans. Faute d’être mort en période hivernale, à l’approche des fêtes de Noël, il n’a même pas eu droit aux quelques lignes consacrées dans les médias aux drames de l’exclusion sociale.
Et pourtant comme le macabre décomptage du collectif «Les morts dans la rue» le prouve, on crève de pauvreté sur le trottoir à n’importe quelle saison. Et comme les places dans les centres d’hébergement décroissent hors l’hiver légal et que les expulsion locatives explosent, les beaux jours ne sont pas forcément ceux qu’ont croient.

Ainsi l’association suscitée recensait-elle en juin dernier 264 décès en seulement six mois écoulé. Et encore, sans que l’on puisse être jamais sûr de ne pas en avoir laissé certains dans l’oubli définitif.

Pour revenir à Florian, dont j’ai souvent aperçu le corps endormi ou en train de gratter quelques airs sur sa guitare, entre deux lampées de bières, avec lui je n’ai partagé qu’une clope par-ci par-là, avant de tomber sur l’autel de fortune que ses potes et d’autres habitants du quartier ont improvisé, avec bougies au sol et affichettes sur les murs.

Évidemment, ça n’a pas duré longtemps, ce lieu de recueillement sauvage & en plein air. Les employés de la Propreté de Paris ont eu vite fait de disperser ce vrac de presque rien au Kärcher.

À y regarder de plus près, ne reste aujourd’hui sur place que cette ligne de fuite, au scotch rouge, pour emballer les hauts & les bas des plus fragiles d’entre nous.

Et sur ce ruban d’hommage bilingue, ce conseil en l’air :
«NE PAS LAISSER TOMBER…»

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