15 février 2011
[Lectures en partage — Sexe & Graffiti.]
Déchiffrer la moindre inscription dans les toilettes des bars, très tôt, j’y ai pris goût – et le dégoût qui va de pair. C’est resté une habitude, au revers de la porte close, parcourir les traces laissées par d’autres accroupis de passage : fantasmes débridés, levrettes à la chaîne, curriculum bitæ, rimes riches, métaphores alambiquées, prophéties auto-bandantes, misère de la scatologie et gloriole maladroite, le tout répété à l’infini selon d’infimes variantes. Ça m’a servi de premier cabinet de lecture.
Et si ces proses d’urinoir se font plus rares aujourd’hui – ripolinage hygiéniste oblige –, il y a moyen de retrouver la mémoire presque complète de ces éphémères obscénités, en parcourant la seule vraie anthologie qui leur ait été consacrée : Sexe & Graffiti, d’un certain Ernest Ernest, publiée par Alain Moreau éd. en 1979. Cette compilation maniaque de 350 pages, préfacée par le critique d’art Alain Jaubert – à moins qu’il n’en soit le secret auteur – n’a malheureusement jamais reparu depuis.
Pour donner envie d’y regarder de plus près,
de larges extraits ici même.
Pour faire circuler ce texte, le lien est ici même