4 février 2011
[Antidote au pessimisme ambiant
Tunisie… regard iconoclaste.]

Depuis un mois, on a entrevu des centaines de photos, montrant comment le soulèvement tunisien ou égyptien n’en finit pas de se jouer dans la rue, au chat et à la souris, entre insurgés et flics en civil, dans une confusion apparente que certains clichés chocs ne se donnaient même pas la peine de sous-titrer. Si bien que, la plupart du temps, on n’y reconnaissait plus vraiment ses petits, on n’y distinguait que dalle entre les pro-Moubarak et les anti-, comme si le réflexe sensationnaliste de la plupart des chasseurs d’image ne désirait capter que le spectacle de la confusion.

Et puis, il y a eu cette photo, datée du 19 janvier 2011, prise au lendemain du pillage de la villa d’un neveu de Ben Ali, qui parvient à fixer ensemble la part d’ombre et de lumière d’une éclipse de pouvoir. Un jeune manifestant découvre simultanément le luxe obscène du palais d’un petit marquis de l’ancien régime et les dizaines de graffiti qui fleurissent déjà sur ses décombres. Saisi à contre-jour, il est notre meilleur témoin de ce qu’est un moment révolutionnaire, dans sa fulgurance même, quand le presque révolu et le pas encore advenu se côtoient de très près, s’écrivent au revers l’un de l’autre, quand la floraison scripturale change de décor, l’abolit tout en enluminant ses ruines.

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