30 avril 2012
[Choses tues —
Légendes urbaines &
rumeurs à la chaîne
(suite sans fin).]
Des traînés blanches, suffit de lever la tête pour en voir partout dans le ciel. A priori, rien de spécial à signaler, chaque avion qui passe laisse sa trace derrière, pareil que les pots d’échappement des bagnoles en hiver, et comme là-haut ça gèle en toutes saisons, la vapeur d’eau, à peine sortie des réacteurs elle cristallise illico, alors ça fait plein de guirlandes de Noël, pas de quoi chercher midi à quatorze heures, des sillons de condensation ça s’appelle, contails en anglais, sauf que normalement le panache se dissipe en moins de vingt secondes dans l’atmosphère, tandis que là, si on regarde bien, très tôt le matin ou à la tombée de la nuit, y’a des lignes blanches qui durent très longtemps à l’œil nu, et plus ça s’étire en longueur, plus ça s’épaissit sur les bords, on dirait des nuages mais avec des figures qui n’existent pas au naturel, ni moutons cumulus ni mousseline stratus, des halos blancs en forme de chenille, d’éventail ou de sapin, avec des retombées dégueulasses dans l’air qu’on respire, mais l’air de rien justement. Des chemtrails ça s’appelle, parce que ça vient de chemical en anglais, pas besoin de vous faire un dessin, autrement dit des particules toxiques, et parmi elles un tas de virus bactériens, de sels minéraux et de champignons noirs qui bousillent la faune et la flore, et l’espèce humaine pire encore. D’après pas mal d’observateurs, les traînées suspectes, elles ont beaucoup augmenté depuis les années 90, et pas seulement à cause de la hausse du trafic aérien ou de la pollution urbaine, non, les zincs low-cost et le smog carbonique, ça n’explique pas tout, loin de là, faut pas croire. Derrière ces drôles de brumes persistantes, y’a d’autres raisons qui s’ignorent, et aussi des avions sans passager ni aucune ligne touristique, à très haute altitude, plus de dix mille mètres, pour échapper aux radars, qui font exprès de lâcher plein gaz un paquet de saloperies, des barils de barium aux quatre vents, et tant pis si ça nous retombe sur la gueule. D’accord, y’a certaines rumeurs sur le Net qui tiennent pas debout, comme le plan top-secret du Parti Démocrate, dès 1965, pour réduire la surpopulation au minimum viable, 400 millions d’habitants et le reste de vie à trépas, au sanatorium, en vaporisant des substances épidémiques avec des sulfateuses sous les ailes des bombardiers US Army, et vingt ans plus tard, comme par hasard, le VIH en Afrique, de nouvelles souches de grippe aviaire et une stérilité galopante sur le vieux continent. Sauf que attention, avec les thèses du complot, on doit se méfier d’où ça sort ou à qui ça profite, et là, c’est carrément un délire genre Klu Klux Klan qui fait endosser à la gauche humanitaire ses propres fantasmes eugénistes : diviser par dix le nombre d’étrangers sur terre. Et puis, avec Obama qui tirerait les ficelles, leur parano génocidaire, ça joue sur trop de tableaux à la fois, on dirait un ballon d’essai pour brouiller les pistes. N’empêche y’a pas de fumée sans feu, et l’épandage à grande échelle, les mecs du Pentagone, depuis les défoliants pendant la guerre du Vietnam jusqu’aux herbicides sur les champs de coca en Colombie, on sait qu’ils ont l’habitude, et des techniques très au point pour sulfater tous azimuts, même si ça dit pas dans quel but, à part nous empoisonner, mais on déjà compris que c’était pas très crédible, comme accusation, surtout que ces poussières-là, une fois qu’on les a balancées, nul ne peut plus deviner ni choisir qui sera touché, ni ceux qu’on voudrait épargner. Du coup, ça serait vraiment se chier dessus à l’aveuglette. En fait, la cause dont personne n’ose causer, c’est l’effet de serre, et d’ailleurs ça part plutôt d’une bonne intention, parce que le président Johnson, au milieu des années 60, des experts géologues l’ont prévenu du problème bien avant que les opinions publiques soient au parfum, le péril du réchauffement climatique, pas le trou dans la couche d’ozone, non juste le syndrome caniculaire, la fournaise qui se rapproche à la vitesse d a lumière. Alors, pour éviter la panique, il n’a rien laisser filtrer sur ce sujet et comme c’était hors de question d’emmerder les industriels avec la baisse du CO2, il a opté pour une solution révolutionnaire, suffisait d’y penser, un vrai conte SF pour enfant, le marchand de sable qui jette sa poudre aux yeux dans les nuées pour réfléchir les rayons solaires, histoire d’empêcher l’astre infernal de nous cramer à petit feu, sauf qu’aujourd’hui, avec ces pluies acides, faut se rendre à l’évidence, le remède s’avère pire que le mal, bouffer du pesticide pour pas attraper le choléra, merci bien, on aurait pu arrêter les frais, mais nos foutus stratèges météo, plutôt que d’avouer leur erreur, mea culpa et puis basta, ils continuent de nous enfumer à haute dose, incapables de se déjuger, comme quoi ça sert à rien de vouloir gagner du temps, à force de prévenir l’apocalypse annoncée on finit par en précipiter une autre.
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