3 février 2012
[En roulant en écrivant, stylo-scooter —
Gymnastique virtuelle & Vie éternelle.]

Pas un jour sans que je longe le cimetière du Père-Lachaise où la plupart de ma famille est partie en cendres et fumerolles, et d’autres proches reposant dans le dédale du cimetière, Thomas, Michel, Germaine… dont j’effleure le souvenir en dévalant l’avenue Gambetta… et puis Juliette.
Pensée fugitive, à mi-pente, tout en mordant la ligne blanche. Ensuite, c’est la grande trouée haussmanienne qui descend vers la place de la République. Cinq ou six feux plus ou moins synchro jusqu’à la station suivante du chemin de croix : le Service funéraire de la ville de Paris, réhabilité de fraîche date. Un hall flambant neuf, avec deux semblants de colonne néo-classique, au 5 avenue de la République.

Et là, il suffit de lever la tête pour apercevoir, à travers les baies vitrées du premier étage, une rangée de silhouettes en plein effort sur leur vélo d’appartement ou quelque tapis de course dernier cri. Drôle de purgatoire mitoyen, avec ses zombies piétinant sur place, sinon voués à pédaler au-delà de leur force.

Ainsi vivent les morts, avait imaginé Will Self, retrouvant sa défunte mère logée avec ses semblables aux confins d’une banlieue dortoir de Londres. L’outre-cité des trépassés. Deadzone suburb.
Et là, en plein cœur de Paris, une hypothèse similaire fait son chemin, insoupçonnable et évidente à la fois, dans cet immeuble hébergeant Pompes Funèbres et Fitness Park, la confirmation discrète qu’une survie posthume n’a pas besoin de septième ciel, mais juste d’un club de rencontre à l’étage au-dessus. Archanges mitoyens.
Mouvement perpétuel du self-training.
Un corps sain dans un saint esprit.
Nos limbes d’ici-bas.

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