20 juin 2012
[Graffiti politiques & poétiques
Compil d’écritures murales,
petite mise à jour estivale.]

Il y a quarante ans et des poussières, les murs prenaient la parole, à la Sorbonne & ailleurs. On a fait tant d’honneur et de rétrospectives à ce graffitisme made in 68 que ça en deviendrait presque suspect. Comme s’il fallait à tout prix embaumer ce défouloir scriptural pour mieux passer sous silence les métamorphoses ultérieures de l’expression sauvage et traiter tous les tags d’aujourd’hui au Kärcher sous prétexte de vandalisme autistique.
Alors, pour  refaire émerger la permanence anonyme & clandestine de la poésie subversive depuis quatre décennies, on a fureté un peu partout, depuis les bombages des années 70 jusqu’au  renouveau du pochoir contemporain. D’où cette compilation numérique, comme un chantier à ciel ouvert, qui voudrait recenser ces écritures à l’air libre de nos quarante dernières années, retrouvées dans des livres, revues, sites web ou, pour les plus contemporaines, avec mon appareil photo toujours aux aguets…

Ici, nul souci d’exhaustivité, puisque la tâche est infinie par définition même. Mais pour donner envie à quelques amateurs de me prêter main forte, pour enrichir la liste de leurs récentes trouvailles ou pour en inventer d’autres à faire soi-même, à découvrir ci-dessous, quelques tags piochés parmi près de mille huit cents autres déjà compilés ici-même

centralisons
nos énergies
vers le cœur

[Paris XIX, au pochoir,
rue du Général Lassalle, 18 juin 12
]

La dette c’est du racket

[Paris IV, à la craie, banque,
rue de Rivoli, mi-juin 12
]

Parfois dans le béton
l’homme prend racine

[Niort, 11 juin 12]

Doit-on se courber encore et toujours
pour une ligne droite?

Nous sommes des fautes de français

Free your mind
& your ass will follow

[Lyon, Croix-Rousse, 5 juin 12]

Que faire du vide?

[Paris XX, papier collé,
rue Charles Renouvier 12
]

J’ai un soi

[Paris IV, rue Neuve Saint-Pierre, juin 12]

L’un solence

[Paris XIX, à la craie,
rue de Vincennes, juin 12
]

Pensar e gratis

To buy or not to be

[Portugal, Lisbonne, au pochoir, 18 mai 12]

Emploi fictif pour tous

Nique la peau lisse

Brise ton quotidien

[Paris XVIII, rue Pierre Picard, mi-mai 12]

Lit moi

[Paris XI, rue Charles Luizet, 5 mai 12]

J’ai tellement 2 visage ke mon
miroir ne veut plus reflechir

[Marseille, «huskie», mi-avril 12]

100% psyché

[Paris XIII, rue Domremy, mi-avril 12]

Don’t waste your time on me
you’re already the voice inside my head

[Paris XIV, boulevard Raspail, 11 avril 12]

L’homme idéal c celui ke l’on choisi
avec ces défaut

On est toujours l’ex de quelqu’un

[Paris XI, rue Édouard Lockroy, 18 mars 12]

Mes yeux sont des balances
qui pèsent la beauté des femmes

T.V.A.
Tendre Vers Anarchisme

[Paris X, rue du Faubourg Saint-Denis,
toilettes d’un bar, 3 mars 12
]

J’ai oublié mon blaze

[Montreuil, métro Croix de Chavaux, 6 février 12]

On veut des bancs

[Paris, gare Saint-Lazare, 16 janvier 12]

Anéantir le néant

D’incandes essences

Dialogue avec
un produit de
consommation
Stop gentrification

[Besançon, 11 janvier 12]

Occupy everything

We are the consequence

If you take one
you take us all!

[USA, Oakland, 4 novembre 11]

On a frôlé la vie

[Lamotte Beuvron, mur du lycée,
avenue Napoléon III, août 11
]

Ils ne savaient pas
que c’était impossible
alors ils l’ont fait

Derrière ces mots
il y a du papier

Rien rien rien et c’est bien

[Toulouse, sur panneaux pub, juillet 11]

Laisse pas tomber ton sourire

[Paris, bd Ménilmontant, à la craie, 29 mai 11]

Je suis ici ou là

[Saint-Ouen, 16 août 10]

Outre cette compilation systématique & hasardeuse de quarante ans d’écritures murales, on trouvera sur le site deux diaporamas sur le même sujet, l’un consacré aux bombages des années 70 et l’autre s’enrichissant  au jour le jour d’inscriptions plus récentes, glanées sur le Net ou prises sur le vif.

Ci-dessus-dessous, quelques arrêts sur image à partir de photos perso.

Pour faire circuler ce texte, le lien est ici même