1er février 2012
[En roulant en écrivant, stylo-scooter —
Zéro pointé, retour à la case départ.]

À force de parcourir depuis toujours la ville où l’on est né, on n’en finit plus de se prendre en filature, de remonter le cours de ses propres errances, d’y croiser quelques avatars familiers à vingt trente ans de distance, devant le porche d’un immeuble, à l’horizon d’une rue, en contrebas d’une façade, au miroitement de telle vitrine, sans s’encombrer d’un souvenir précis, ni s’appesantir en détail, juste entrevoir la trace d’un lieu-dit intime qui surgit dans le flux d’indifférence urbaine, le raccourci irréel d’un flash-back dilué dans les gaz d’échappement, entre accélération mentale et coup d’œil rétro. Mais ça ne dure qu’un laps infime, avant de filer aux oubliettes sitôt le feu vert suivant, aperçu spectral brûlé aux hydrocarbures, mirage perso déjà éventé cinquante mètres plus loin, fondu au noir macadam. L’amorce d’un compte à rebours sur la pellicule, et rien qui s’imprime par après, sinon le prochain carrefour en ligne de mire, tandis qu’en vigilance latérale, le continuum automobile défile sur fond d’immeubles banalisés. Ça circule du dedans dehors, et du dehors dedans aussi, recyclage perpétuel, sans aucune pensée qui fasse halte nulle part. À moins qu’un signe accidentel ne s’interpose, comme la semaine dernière, ce bombage intempestif, repéré sur ma droite, au 211 rue Saint-Martin.

Et soudain marche arrière, qu’est-ce qui est marqué, là, sous la fenêtre du concierge de mon ancienne école primaire, avec des lettres bien attachées comme sur ce tableau noir qui me revient de loin, l’écriture modèle de la maîtresse, à recopier avec des boucles rondelettes et des queues de cerises comme il faut, sauf que mince, elle va ramasser les feuilles…
— J’ai presque fini m’dame, effacez pas déjà!
— Trop tard.
— Et moi alors comment je fais pour le ravoir ?
— Pour avoir quoi ?
— Ben, le dernier mot.
Drôle de souvenir anticipé, ça se duplique en boucle frustrante,
tout qui me revient au même, surtout ce manque de

Pour faire circuler ce texte, le lien est ici même